Buffy Contre Les Vampires
J‘entends déjà les fans de séries « réalistes » frissonner d’horreur à la simple évocation de cette série dans laquelle une adolescente superficielle de 16 ans met une raclée à des vampires. Détrompez-vous! Buffy n’est pas seulement dédiée aux adolescents et recèle de nombreuses richesses à côté desquelles il serait dommage de passer.
Buffy, le film
A l’origine, Buffy Contre Les Vampires est un très mauvais long métrage réalisé en 1992 avec Kristy Swanson et Luke Perry (le Dylan de Beverly Hills). Mal réalisé, mal joué, mal écrit… Tous les ingrédients étaient présents pour lui décerner le prix de meilleur nanar de l’année. Pourtant son scénariste, Joss Whedon, a continué à croire en sa super héroïne.
Ayant travaillé sur les scénarios de blockbusters du grand écran tels que Speed, Alien La Résurrection et Toy Story, le jeune scénariste reste persuadé que Buffy a le potentiel de charmer le public. Il faudra pourtant attendre 1997, en plein Girl Power initié par les Spice Girls, pour que Buffy ressuscite sous forme d’une série destinée aux adolescents. Exit les acteurs du film et bonjour à un tout nouveau casting bien plus inspiré.
Buffy, la série
L’épisode pilote reprend l’histoire exactement où le film se termine. Buffy vient d’apprendre qu’elle est l’Elue, celle qui a été choisie pour affronter le monde des ténèbres. Dotée d’une force colossale, elle doit seule sauver le monde régulièrement. D’un autre côté, elle aspire à vivre une vie d’étudiante normale: avoir des amis, vivre une histoire d’amour et réussir ses études. Elle débarque donc avec sa mère dans la petite ville de Sunnydale. Bien mal lui en prend puisqu’elle apprendra rapidement que Sunnydale est située sur « La Bouche de l’Enfer », l’endroit par lequel tous les démons sortent de l’enfer pour venir sur terre.
Heureusement, la jeune Buffy se retrouvera vite entourée d’amis fidèles, Willow et Alex (Xander en V.O.) ainsi que de Giles, bibliothécaire du lycée, mais en réalité un Observateur, une sorte de guide spirituel destiné à aider Buffy dans sa mission. Et il lui en faudra du soutien pour faire face durant 7 saisons à un nombre incalculable de démons.
Le plus de la série
Le scénariste originel, Joss Whedon, a eu le bon goût de s’entourer d’une pléiade de scénaristes talentueux tels que Marti Noxon, David Fury et Douglas Petrie, pour permettre à Buffy de s’épanouir.
Soulignons que si la série en était restée à ce concept de base d’une héroïne tuant à chaque épisode le démon de la semaine, Buffy Contre Les Vampires n’aurait jamais eu beaucoup d’intérêt.
Heureusement, au fil des épisodes, les relations entre Buffy et ses amis vont se développer en parallèle à la chasse aux démons. Oui, parce que les relations sentimentales de la jeune adolescente sont tout sauf simples. Willow aime Alex, qui aime Buffy, alors que cette dernière est amoureuse d’Angel… qui n’est autre qu’un vampire avec une âme. Le triangle amoureux classique mais toujours efficace.
D’autant que les scénaristes auront le bon goût de le dépasser après quelques saisons… histoire de complexifier les personnages et leurs relations et de les rendre ainsi bien plus intéressants. Notons d’ailleurs au passage qu’Angel quittera Buffy après 3 ans de bons et loyaux services pour aller casser du démon dans une spin-off, intitulée -Ô surprise- Angel.
Buffy, une série à part
Buffy est vraiment une série à part, inspirant de nombreuses séries fantastiques à sa suite telles que Smallville et Charmed. Nous pouvons même affirmer sans nous tromper qu’elle a renouvelé le genre sériel fantastique à une époque où celui-ci était en perte de vitesse. Très stylisée, la série se démarque par un cocktail détonnant d’humour et d’action (les combats sont chorégraphiés comme des combats de Hong Kong) faisant passer les téléspectateurs du rire aux larmes en l’espace de quelques secondes.
Précisons aux téléspectateurs allergiques aux séries avec des monstres que ces derniers ne sont que des métaphores, les miroirs des difficultés que Buffy rencontre tous les jours, à l’instar d’Ally McBeal et de ses procès.
Notons que le charme des acteurs est pour beaucoup dans le succès de la série. Sarah Michelle Gellar est idéale dans le rôle de Buffy et son jeu ne cessera de s’améliorer au fil des ans. Elle est devenue rapidement la nouvelle coqueluche des adolescents. A ses côtés, se retrouvent des acteurs doués mais encore relativement peu connus. Parmi eux, soulignons les très prometteurs Alyson Hannigan (vue dans la trilogie American Pie) et James Marsters (Spike, le vampire blond peroxydé).
Buffy, les épisodes spéciaux
Une particularité de Buffy est de proposer à chaque saison des épisodes spéciaux, bousculant la narration habituelle. En effet, les créateurs et les scénaristes de la série se sont vite rendus compte des limites imposées par le format télévisuel et les limites de l’histoire elle-même. Désireux de se renouveler, ils ont créé pour chaque saison des épisodes explosant ces limites. Joss Whedon explique cela par le fait qu’il n’avait jamais tourné de série avant (il a été le scénariste de Roseanne tout de même). Etant novice dans la réalisation, il apporte un regard neuf et vierge de tout « tic » télévisuel.
Bien souvent, les épisodes qu’il tourne lui-même figurent parmi les plus intéressants de Buffy. A titre d’exemple, citons l’épisode « Un silence de mort » de la saison 4 dans lequel des démons volent la voix des habitants de Sunnydale. Les trois quarts de l’épisode sont donc silencieux, et condamnent les acteurs à trouver de nouveaux moyens d’expression comme le mime. Ce qui est moins facile qu’il n’y parait. Cet épisode est d’ailleurs un gros clin d’œil aux fans. En effet, depuis ses débuts, la série est réputée pour la qualité de ses dialogues. Joss Whedon a donc réussi l’exploit de faire un des meilleurs épisodes sans aucun dialogue ou presque. « Un silence de mort » a d’ailleurs été nommé aux Emmy Awards.
Les scénaristes aiment également parodier les films d’horreur récents. Dans la saison 7, un épisode est carrément filmé caméra à l’épaule et rappelle furieusement « The Blair Witch Project ».
Mais le plus surprenant se trouve dans la saison 6, où Joss Whedon concrétise un rêve d’enfant en réalisant l’épisode « Que le spectacle commence » qui n’est autre qu’une… comédie musicale. A cause d’un enchantement, tous les habitants de Sunnydale se mettent à chanter quand ils doivent exprimer un sentiment. Résultat, les masques tombent et les secrets sont éventés… mais en chanson, s’il vous plait. Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser que cet épisode est le meilleur de tous.
Buffy, critique des saisons et Willow
J’aimerais maintenant m’attarder sur un des personnages les plus attachants et surtout les plus significatifs de l’évolution de la série: Willow. Magistralement interprétée par Alyson Hannigan, Willow est présentée à ses débuts comme une sympathique « nerd » douée pour l’informatique. Hésitante, timide, effacée… La jeune adolescente reste constamment dans l’ombre de Buffy, ne révélant sa force que dans de rares coups d’éclats.
Tout comme la série qui met du temps à trouver sa voie. Pourtant déjà dotée d’une forte personnalité et d’un style reconnaissable entre tous, la première saison de Buffy reste la plus faible pour cause de scénarios hésitants. Les scénaristes hésitent clairement entre une série d’horreur et une série comique. Puis, ils se rendront compte qu’ils peuvent jouer sur les deux tableaux et l’assumeront avec panache.
Tout comme Willow, Buffy Contre Les Vampires va prendre un nouvel élan à partir du moment où Angel perdra son âme dans la deuxième saison. La tueuse se voit obligée d’affronter l’homme qu’elle aime, redevenu un vampire cruel et assassin. La série prend alors des teintes plus sombres et les thèmes soulevés deviennent passionnants. Willow profitera de cette période pour s’affirmer davantage en s’intéressant à la sorcellerie. Elle finira par rendre par magie son âme à Angel, sous le regard désapprobateur de Giles qui ressent que la nouvelle passion de Willow est potentiellement dangereuse.
Devenue une sorcière, la jeune Willow n’est dorénavant plus la demoiselle à sauver mais une alliée puissante de la tueuse. Ses pouvoirs ne cesseront de se développer au fil des épisodes.
Même si elle montre quelques signes d’essoufflements, la saison 4 sera l’occasion pour Willow de s’affirmer de nombreuses fois. D’abord en annonçant son homosexualité à ses amis de la plus belle manière qui soit. Elle avouera ses sentiments envers Tara, une sorcière aussi timide qu’elle l’était à ses débuts. Ce coming-out figure parmi les plus touchants dans le monde des séries télés.
Ensuite, Willow s’affirmera davantage face à Buffy. La sorcière ne veut désormais plus être considérée comme une simple sous-fifre de la tueuse, elle veut aussi prendre sa part dans l’action.
La série prend un nouvel envol dans les saisons 5 et 6. Plus sombres, extrêmement structurées et plus matures, ces saisons sont les plus appréciées des fans. Buffy fait face à la mort de sa mère, la responsabilité de prendre en charge sa sœur ou encore repousser son attirance pour Spike tout en affrontant des démons de plus en plus déterminés.
Spoiler
Folle de rage, Willow plongera dans la magie noire et décimera toutes les personnes se trouvant sur son chemin. Décidée à détruire la terre, elle ne sera arrêtée que par Alex, son meilleur ami. Ce dernier arrivera à faire éclore l’étincelle d’humanité qui lui restait. Ce final, le plus intense émotionnellement parlant, restera comme un des plus beaux moments d’une série déjà riche en événements marquants.
Après avoir fouillé dans les recoins les plus sombres de tous les personnages, la saison 6 laissera la place à une saison 7 plus légère dans laquelle Willow devra apprendre à maîtriser ses immenses pouvoirs et faire le deuil de sa vie passée.
Conclusion
La série s’achèvera sur une note positive mais en laissant derrière elle un nombre de fans acharnés, ravis d’avoir suivi une des séries les plus intéressantes de ces vingt dernières années. Une série bourrée de clins d’œil et de références qui, malgré quelques signes d’essoufflements ici et là, est appelée à passer à la postérité.
En quelques mots...
Nathanaël Picas
Alexandre Marlier
Sarah Sepulchre
Sophie Sourdiaucourt
Tilman Villette
Buffy Contre Les Vampires
Une blonde qui dézingue des vampires. Joss Whedon dynamite la série fantastique pour adolescents en la doublant d'une réflexion brillante sur le passage à l'âge adulte. Cohérente, féministe, drôle et dramatique à la fois. Un must have.
Dossiers Séries
Le Podcast
Intervenants: Sarah Sepulchre et Nathanaël Picas.
Durée: 19’21 min.
La Fiche Série
Buffy, The Vampire Slayer
Durée:
144 épisodes de 43 minutes, soit 7 saisons.
Pays d’origine:
USA
Chaîne(s) de 1ère diffusion:
The WB, puis UPN
Période(s) de diffusion:
Du 10 mars 1997 au 21 mai 2003
Genres:
Aventures, Science-Fiction
Créé par:
Joss Whedon
Produit par:
20th Century Fox, Mutant Enemy, Kuzui Enterprises, Sandollar
Buffy Summers
Nicholas Brendon:
Alexander Harris
Alyson Hannigan:
Willow Rosenberg
Charisma Carpenter:
Cordelia Chase
Anthony Stewart Head:
Rupert Giles
David Boreanaz:
Angel
Seth Green:
Daniel « Oz » Osbourne
James Marsters:
Spike
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Bibliographie
- Génération Séries, n°28, avril-mai-juin 99.
- HOLDER nancy, Buffy contre les vampires : le guide officiel 2, Paris, Fleuve Noir, 2001, 478p.
- STAFFORD, Nick, Bite me! Sarah Michelle Gellar & Buffy the Vampire Slayer, Toronto, ECW Press, 1998, 250 pages, 40 photos n&b, et 32 en couleurs. Avec une présentation de chaque épisode de la série télévisée. (Traduction française aux Editions 84 sous le titre Sarah Michelle Gellar. Buffy le tueuse de vampires)