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Who's Who

Lucille Ball

Je parle aujourd’hui d’une dame qui a donné son nom à un théâtre de New York, d’une dame qui a été classée parmi les 100 personnalités les plus importantes du 20ème siècle par le Time Magazine, d’une dame qui a un timbre à son effigie, d’une dame qui a fait 39 fois la couverture du TV Guide (un record), d’une dame élue la plus grande star de la télévision de tous les temps par ce même magazine, d’une dame qui a reçu 13 Emmy Awards (dont 9 en 1976) qui a été nommée 23 fois en tout, d’une dame surnommée la « Queen Of Comedy ».

Et pourtant, cette dame si importante pour la télévision américaine n’avait aucune chance en tant qu’actrice, selon un de ses professeurs d’art dramatique. Cette dame, c’est Lucille Ball.

Quand ce professeur lui affirme cela, elle étude le théâtre à la John Murray School For The Dramatic Arts dans la promotion de Bette Davis. Elle décide alors de tout arrêter et se rend à New York pour devenir mannequin. Elle tente aussi sa chance à Broadway sous le nom de Diane Belmont, sans succès.

En 1933, elle déménage à Hollywood. Elle y rencontre Ginger Rogers. Les deux actrices deviennent amies et jouent dans Stage Door aux côtés de Katharine Hepburn. C’est le rôle qui la fait connaître, mais elle ne devient pas pour autant une célébrité. A ce moment, elle est surtout connue sous le surnom de « Queen Of The B’s », soit la reine des films de série B.

Elle finira par trouver sa voie comme actrice radiophonique. Son show, My Favorite Husband, est un tel succès que les programmateurs de CBS lui demandent de l’adapter à la télévision. Ce sera I Love Lucy.

Lucille parvient à imposer celui qui est alors son époux, Desi Arnaz. Au départ, les dirigeants de la chaîne étaient frileux en raison de la différence d’âge entre les deux acteurs (elle est de six ans son aînée) et parce qu’ils pensaient que le public n’accepterait pas un couple mixte, Desi étant d’origine cubaine. Ils refuseront la sitcom avant de la diffuser suite au succès que son adaptation en vaudeville a remporté.

Il a fallu de la persévérance aux deux comédiens pour arriver à leurs fins. Il faut comprendre que Lucille Ball bouscule le système de l’époque. Elle est la première femme à diriger une boîte de production, la Desilu. Elle la dirigera même seule après son divorce.

Lucille n’aime pas la qualité du kinéscope, elle veut de la pellicule film. Mais CBS et le sponsor de l’émission, Philip Morris, refusent à cause du budget trop élevé que le procédé requiert. Elle décidera alors de revendre le programme à d’autres chaînes en seconde diffusion. Sans le savoir, elle vient d’inventer le système de syndication.

Lucille est la première actrice-productrice à intégrer ses grossesses dans les scénarios. Cela a l’air anodin, pourtant, à l’époque le mot « enceinte » était censuré et les femmes enceinte ne pouvaient être filmées. La grossesse sera finalement acceptée du bout des lèvres. La naissance du petit Ricky, l’enfant de Lucy dans la fiction, sera un événement national. L’audience atteint les 44 millions de téléspectateurs et plus d’un million d’entre-eux ont envoyé leurs voeux ou un cadeau. Lucille Ball et I Love Lucy alignent donc les « premières » de la télévision américaine.

Le potentiel comique de l’actrice est évident quand on regarde les épisodes de la série. On disait qu’elle avait une figure élastique et une énergie sans limites. Elle restera principalement dans le registre de la comédie.

Outre I Love Lucy, elle a participé à des comédies musicales, elle a tourné pour le cinéma, elle a aussi créé d’autres séries: The Lucy Show (1962-1968) et Here’s Lucy (1968-1974). Gale Gordon donne la réplique à l’actrice et ses enfants, Lucie et Desi Jr., qui apparaissent dans ces sitcoms. Ces trois programmes ont tous été diffusés par CBS le lundi en prime-time. Si on les additionne, Lucille est restée 23 ans la propriétaire de cette case horaire. Sa dernière série, Life With Lucy, où elle jouait une grand-mère, sera son seul véritable échec télévisé.

Lucille Ball était aussi une productrice talentueuse. Elle prétendait diriger la Desilu comme sa maison, en écoutant les gens afin de les comprendre. Elle a quand même eu le nez fin puisqu’elle a lancé Star Trek, Mission: Impossible, Les Incorruptibles, Mannix et Les Espions.

Pendant plusieurs années, Lucille a mené de front sa carrière d’actrice et ses fonctions de présidente du conseil d’administration et de directrice de la Desilu. En 1967, elle l’a revendu à la Gulf Western qui possédait déjà la Paramount Pictures et qui a alors fondé la Paramount Television. Dans les années ’60, cette compagnie a été tellement célèbre que son nom est toujours reconnu aujourd’hui. En guise de clin d’oeil, la société de Krusty Le Clown dans Les Simpson s’appelle la Krustylu.

Lucille Ball est décédée le 26 avril 1989 d’une crise cardiaque, la seconde. La médaille présidentielle de la liberté lui a été attribuée à titre posthume. L’actrice avait écrit ses mémoires, elles seront découvertes et publiées après sa mort sous le titre: Love, Lucy. Un centre portant le nom de Lucille Ball et Desi Arnaz a pour mission de continuer leur travail dans le secteur du rire. Il est toujours actif à l’heure actuelle.

Sarah Sepulchre

Sarah Sepulchre est professeure à l’Université de Louvain (UCL, Belgique). Ses recherches portent sur les médias, les fictions, les cultures populaires, les gender studies et particulièrement sur les représentations, les liens entre réalité et fiction. Sa thèse de doctorat était centrée sur les personnages de séries télévisées.

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