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Chroniques De San Francisco

Dès 1976, Armistead Maupin, entreprend un feuilleton sur sa cité pour le compte du San Francisco Chronicle. « Tales Of The City » (Chroniques de San Francisco) est né. Bref, une sorte de « Journal De Bridget Jones » et « Sex & The City » avant l’heure. Le succès est rapide et très vite, sa renommée finit par dépasser les frontières. Portée au nues par la communauté homosexuelle ainsi que par les critiques quasiment unanimes, l’oeuvre de Maupin est un véritable carton international.

Chroniques De San Francisco: les livres

Que sont ces « Chroniques De San Francisco »? Difficile à raconter en fait. Puisqu’il s’agit d’un ouvrage épisodique, il n’y a donc pas, à proprement parler, d’histoire.

Les chroniques relatent le quotidien fabuleux d’une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres. A dire vrai, la forme même de l’écriture (basée essentiellement sur des dialogues savoureux) renvoie directement à une sitcom ou à une série avec un héros multiple. Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser qu’il s’agit d’une sorte de Beverly Hills 90210 ou de Melrose Place version écrite.

C’est d’autant plus vrai pour Melrose Place que Les Chroniques sont un imbroglio d’anecdotes et d’aventurettes assemblées les unes aux autres par une tribu de personnalités qui partagent un même toit: le 28, Barbary Lane.

La maîtresse du lieu est une mystérieuse et charismatique femme qui se fait appeler Anna Madrigal. Elle règne sans partage sur Barbary Lane, sorte de mère supérieure bienfaisante, elle veille sur ses locataires qu’elle appelle « ses enfants ». Une de ses particularités est de sélectionner soigneusement ses locataires et de les accueillir comme il se doit: avec un joint de bienvenue cultivé et roulé « maison ». Excentrique, elle n’en reste pas moins une femme douce et généreuse mais dont le passé se révèle bien vite fort trouble.

Ses locataires ne sont pas en reste. Bien que légèrement stéréotypés, ils n’en sont pas moins étrangement attachants. A commencer par Michael, un homosexuel qui rencontre les pires difficultés à trouver l’homme de sa vie (alors qu’il est juste sous son nez: un chirurgien au doux nom de John) et qui refuse d’avouer à ses parents son homosexualité.

Puis, il y a Mary Ann Singleton: jeune femme venue tout droit du fin fond de l’Ohio et qui n’arrive pas à s’acclimater à l’atmosphère si particulière de San Francisco.

Citons encore Mona, jeune femme ésotérique continuellement à la recherche de son identité et Brian, playboy accumulant les conquêtes.

D’autres personnages viendront encore compléter cette galerie déjà bien fournie: une mère maquerelle, un arriviste-salopard, une journaliste aux dents longues, une bourge qui reprend sa vie à zéro ou encore une vieille dame BCBG qui décide enfin de s’amuser.

Tous ces personnages se rencontrent, s’entrechoquent, s’aiment, s’embarquent dans des aventures souvent drôles, parfois bourrées de suspense.

Une série difficile à monter?

La rubrique d’Armistead Maupin est tellement populaire qu’elle paraît rapidement sous forme de romans. Et très vite, l’idée de tirer une série de ces Chroniques germe dans l’esprit de quelques producteurs… Ce qui ravit l’auteur. Pourtant c’est un véritable chemin de croix que devra traverser Armistead Maupin avant de pouvoir monter son oeuvre en mini-série.

Tout semblait pourtant bien parti au début. Dès 1979, Warner Bros met une option sur Chroniques De San Francisco. On croit longtemps qu’il ne s’agira que d’une question de mois avant de voir apparaître la série sur les écrans. Mais rien ne vient.

Vient ensuite la crainte: les grosses huiles du studio veulent bien lancer l’adaptation audiovisuelle des Chroniques mais à condition que certains « ajustements » soient réalisés afin qu’elles soient présentables au public américain. Par ajustements, les producteurs entendent: pas de relations sexuelles explicites entre hommes (pourtant bien présentes dans le bouquin) et pas de joints.

Michael pouvait donc bien être homosexuel mais il ne devait pas y avoir d’images le présentant avec un autre homme. Anna Madrigal ne pouvait plus offrir ses joints à ses nouveaux locataires… Or même s’il s’agit de détails, ils sont justement ce qui fait le sel de l’histoire.

Au début des années ’80, les droits passent de la Warner Bros à la chaîne privée HBO. Mais à cette époque, le Reaganisme règne en maître et nous sommes en plein milieu de la génération SIDA. Hollywood prohibe tout ce qui paraît explicitement homosexuel.

Les Chroniques sont fréquemment remaniées pour être présentables au public mais aucun des projets n’aboutit. C’est d’autant plus ironique de savoir que HBO a rechigné à mettre en place une série comme celle-ci à l’époque alors qu’aujourd’hui, elle se fait une spécialité à lancer des séries provocantes telles que Six Feet Under ou Sex & The City.

Puis, durant les années ’80 et jusqu’aux années ’90, le projet est rejeté systématiquement par tous les grands réseaux de télévision.

Début des années ’90, au moment où Armistead Maupin vient de mettre fin à ses Chroniques (version papier) au bout de 6 livres, le projet renaît de ses cendres. Channel 4, le réseau télévisuel britannique qui avait produit des films tels que « Howards End » et « The Crying Game », accepte de produire intégralement une mini-série de 6 heures basée sur le premier livre des « Chroniques De San Francisco ». Miracle donc… D’autant que le réseau promet de filmer l’histoire exactement comme elle était écrite. Autrement dit: aucun ajustement.

Channel 4 qui, quelques années plus tard, produira la série Queer As Folk… Qui, elle aussi et encore plus, montrait des relations sexuelles très explicites entre hommes.

Un casting de choix

Le tournage a lieu à San Francisco même et rassemble un casting américain prestigieux. Olympia Dukakis entre dans la peau de la mystérieuse Anna Madrigal. Une actrice de talent que l’on avait pu apercevoir dans « Maudite Aphrodite » de Woody Allen, ou encore « Working Girl » en compagnie d’Harrison Ford et de Sigourney Weaver.

Michael est interprété par Marcus D’amico dans la 1ère saison puis dans les deux saisons suivantes par Paul Hopkins. Tandis que Mona est interprétée par Chloé Webb puis par Nina Siemaszko. C’est d’ailleurs l’un de reproches que je ferais à la série: ne pas avoir conservé les mêmes interprètes tout au long des trois saisons. Les deux personnages principaux que sont Michael et Mona sont joués par des acteurs différents. C’est d’autant plus dommage que les acteurs de la première saison étaient largement plus touchants que leurs remplaçants.

Et afin de compléter ce casting, Laura Linney interprète Mary Ann Singleton.

Notons au passage que Ian McKellen fait une apparition au cours de la première saison. Ce grand acteur shakespearien est très engagé dans la lutte homosexuelle. Et pour ceux qui n’ont pas encore mis un visage sur ce prénom, sachez qu’il s’agit de Gandalf du Seigneur Des Anneaux et Magnéto dans les films X-men.

Chroniques De San Francisco: critique

Chroniques De San Francisco est une excellente série. Les personnages qu’Armistead Maupin a écrit prennent vie sur le petit écran d’une bien belle manière. Nous entrons dans une dimension loufoque où les rebondissements les plus inattendus succèdent aux éclats de rire.

La narration est fluide et chaque épisode se regarde avec grand plaisir. Il est d’ailleurs très difficile de se retenir de regarder la suite dès qu’un épisode se termine. Même si le style reste simple et léger, les dialogues sont le point fort de cette série.

Toutes des qualités qui se retrouvent dans les livres en vérité. En effet, lorsque Channel 4 a promis de faire une adaptation fidèle des Chroniques, elle était loin de mentir. Tout ce qui se trouve dans les bouquins se retrouve également à l’image.

Les dialogues sont dans la plupart des cas exactement les mêmes que ceux présents dans le livre. L’intrigue et les histoires parallèles répondent également à l’appel. Il s’agit très certainement d’une des adaptations les plus fidèles qui soit. Trop fidèle, peut-être.

C’est d’ailleurs le défaut majeur que je soulèverai. Si vous avez lu les livres, regarder la série ne vous apportera pas grand-chose de plus. Ce n’est pas très grave bien entendu: la qualité est au rendez-vous. Mais ceux qui s’attendaient à un peu de libertés par rapport aux livres risquent d’être déçus.

D’autant que les défauts de l’histoire originelle se retrouvent également dans l’adaptation télévisuelle. On peut noter certaines longueurs et des passages superflus ainsi qu’une légère baisse de qualité manifeste à partir de la 3ème saison.

Le problème de Maupin est d’avoir voulu à chaque fois coller une intrigue policière à cette galerie de personnages pourtant déjà hauts en couleurs. Ce qui fonctionne très bien dans la première et encore mieux dans la deuxième saison mais qui semble un peu tiré par les cheveux et superflu dans la 3ème.

De plus, les personnages finissent par rencontrer des situations semblables: Michael qui se sépare continuellement de John, qui accumule les conquêtes et qui finit par retourner dans les bras de John. Ou encore Mary Ann qui multiplie les mecs à problèmes: amnésique, pédophile, coureur de jupons…

Mais ces quelques critiques ne doivent pas effacer mon propos général qui est de saluer la qualité générale de l’adaptation. On ne va pas faire la fine bouche: la plupart des adaptations de livres sont souvent une déception. Ici, il n’en est rien. De plus, si vous n’avez pas lu les livres, je vous conseille grandement de regarder la série.

Entre soap opéra, sitcom et roman social, Chroniques De San Francisco est un véritable chef-d’oeuvre dont la légèreté désaltère sans éviter les questions plus graves sur notre modernité. La série est bourrée d’humour, de tendresse et de suspense. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été nominée au Grammy et aux Emmy Awards.

En quelques mots...

Nathanaël Picas
Alexandre Marlier
Sarah Sepulchre

Chroniques De San Francisco

L'adaptation fidèle des romans racontant les aventures des habitants d'un immeuble de San Francisco, souffrant toutefois d'un changement de casting malheureux entre la première et deuxième saison.

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Crédits Photos:
Channel 4 Television CorporationPropaganda ProductionWorking Title

Nathanaël Picas

Nathanaël Picas a suivi des études de journalisme à l’Université Catholique de Louvain. Sa formation terminée, il a travaillé en tant que journaliste free lance pour la presse écrite et télévisée. Il a également été animateur sur Musiq’3. C’est à cette époque qu’il a rejoint l’équipe d’AFDS. En 2005, il devient attaché de presse dans une agence de communication.

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