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Séries Craignos

Crusoe

Le succès des Pirates Des Caraïbes n’a pas laissé les producteurs de télévision de marbre. Et le carton d’émissions de télé-réalité comme Survivor (Koh Lanta en version française) leur a montré que les histoires d’aventuriers perdus sur une île déserte avaient un potentiel d’audimat énorme. C’est ainsi qu’en 2008, Américains, Britanniques et Canadiens unissent leurs forces pour ressusciter à la télé la célèbre oeuvre de Daniel Defoë: Crusoe.

Est-il encore nécessaire de rappeler l’histoire de ce naufragé du 17ème siècle? Echoué sur une île perdue en plein milieu du Pacifique, Robinson tente de survivre tant bien que mal face aux pires dangers en attendant de pouvoir partir retrouver sa bien-aimée. Il peut néanmoins compter sur le soutien et l’amitié de son fidèle compagnon d’infortune: Vendredi.

Qu’allait donc pouvoir apporter de plus Stephen Gallagher à cette histoire usée jusqu’à la corde? Le mystère reste entier après le visionnage de cette bouse de 13 épisodes. Véritable cahier des charges de ce qu’il ne faut pas faire, Crusoe version 2008 pulvérise la rétine et le cerveau du téléspectateur à force d’idées saugrenues, mises en scène avec l’énergie d’un gastéropode en rut.

L’épisode pilote donne déjà le ton. Crusoe scrute le rivage muni d’une longue-vue sur fond de ciel orangé. Monsieur se languit de repérer un bateau dans l’espoir de retourner au bercail pour y retrouver sa dulcinée. Et la mise en scène de souligner à coups de flashback navrants l’histoire d’amour parfaite que le beau blond vivait avec sa moitié: ralentis et gros plans sur les visages extatiques des deux tourtereaux, gloussant comme des dindes sur fond de pluie de pétales de rose. Si si! Le tout souligné par la voix-off du héros rajoutant à quel point il l’aimait. Au cas où le symbolisme tout en nuance de la scène nous aurait échappé.

Ce qui n’échappe toutefois pas à l’attention du héros, c’est l’arrivée, dès l’épisode pilote d’un bateau sur l’île. Parti pris étonnant de la part des scénaristes car tout le pitch de la série est pourtant centré sur l’attente du héros pour que ce moment arrive. La série s’arrêterait-elle donc immédiatement après l’épisode pilote? Crusoe sera-t-il déjà ramené sur le continent? L’idée semble saugrenue…

Quelques scènes plus tard, le téléspectateur comprend pourquoi Crusoe est voué à rester sur son île. L’éphèbe a manifestement sniffé trop de poudre en constellant l’île déserte de pièges mortels destinés à maintenir éloigné tout étranger ayant l’impudence de s’approcher un peu trop près de sa somptueuse cabane perchée dans les arbres. Logique implacable de la part du héros, vous en conviendrez. Les pirates se verront ainsi transpercés de flèches, pendus, écrasés, empalés,…

Ah oui parce que j’ai oublié de préciser que notre Robinson, en plus d’entretenir un brushing impeccable malgré un taux d’humidité élevé, est une sorte de MacGyver de son époque. Et surtout, il dispose de matériel en quantité industrielle pour créer les pièges les plus retords que n’aurait pas renié Jigsaw de la saga Saw.

Je veux bien croire que certains morceaux de l’épave du bateau ayant emmené Crusoé sur son île puissent lui servir à construire un abri de fortune. Mais là, on s’approche tout doucement d’un magasin Brico de compétition. D’où sort cette corde longue de plus d’une centaine de mètres permettant à Robinson de faire une descente en death-ride en plein milieu de la jungle? On ne le saura jamais. Tout au plus peut on deviner que Crusoé a réussi à sublimer sa solitude onaniste dans des activités palpitantes de création de parcours acrobatiques dans les arbres.

En face, les pirates qui viennent régulièrement sur l’île ne sont pas aidés non plus. Ces Johnny Depp du pauvre ricanent parce qu’ils sont méchants, ont des dents pourries parce qu’ils sont pirates et sont à la recherche d’un trésor parce qu’un vieux con a tatoué une carte sur le dos d’un prisonnier. A ce stade, ce n’est plus du cliché, mais un catalogue entier!

Mais revenons à notre héros pas si esseulé. Plusieurs épisodes de la série nous permettront de constater que le naufragé dispose d’une chemise magique. D’un blanc immaculé (le pressing n’est pas très onéreux sous les tropiques), elle a la capacité d’apparaître et disparaître sur le dos du héros suivant les scènes. Une façon très pratique pour les producteurs de séduire le public homo qui ne reniera pas admirer le poitrail musclé et étonnamment imberbe du héros. On dira que les rasoirs Gilette et les bandes dépilatoires Veet étaient fournies en bonus avec le câble de 100 mètres dont je parlais quelques instants plus tôt.

Heureusement, Crusoé peut toujours compter sur l’aide précieuse de Vendredi pour le sortir d’un mauvais pas. Ce sauvage multitâches et polyglotte (paraît qu’il parle 12 langues) vit une véritable relation fusionnelle avec son Robinson de héros. Ils vivent à deux dans leur cabane suspendue dans les arbres. Une amitié virile si profonde que l’on assiste à des scènes de disputes digne d’un couple lors de la préparation du dîner. Et que l’on s’attend presque à les voir se galocher à un moment ou l’autre.

Néanmoins, Crusoé garde ses distances car Vendredi est un ancien cannibale, normal puisqu’il est noir. Et que ce dernier lui a juré de ne pas planter les canines dans sa jugulaire tant qu’il y aurait des chèvres sur l’île. Le suspense est à son comble.

Inutile de vous dire que la série a fait un four lors de sa sortie. En même temps, c’est presque criminel de mettre en scène un héros aussi lisse, véritable tête à claque aux dents blanches, en tentant de raviver l’humour maladroit et premier degré des séries des années ’80. Et ce n’est pas la présence de Sam Neil et de Sean Bean au casting qui arrive à sauver l’ensemble du naufrage.

Je terminerai cette chronique par une citation d’une phrase du héros : L’enfer, c’est l’endroit où l’homme privé de liberté ne peut pas voir ceux qu’il aime. Et j’ajouterai que l’enfer c’est aussi d’avoir à supporter 9h12 de carnage télévisuel.

En quelques mots...

Nathanaël Picas

Crusoe

Crusoe version années 2000 lorgne dangereusement sur MacGyver et les mauvaises séries d'action de la même époque. Un ratage dans les grandes largeurs qui finit par devenir drôle au 5ème degré.

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Crédits Photos:
Moonlighting FilmsMuse Entertainment EnterprisesPowerUniversal Media Studios

Nathanaël Picas

Nathanaël Picas a suivi des études de journalisme à l’Université Catholique de Louvain. Sa formation terminée, il a travaillé en tant que journaliste free lance pour la presse écrite et télévisée. Il a également été animateur sur Musiq’3. C’est à cette époque qu’il a rejoint l’équipe d’AFDS. En 2005, il devient attaché de presse dans une agence de communication.

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