Sheryl Lee
Des acteurs piégés par un rôle, c’est fréquent, surtout à la télévision. Tom Selleck est Magnum, David Soul est Hutch, Larry Hagman est JR Ewing… C’est d’autant plus cruel quand on est une jeune actrice, comme Sheryl Lee. En fait, c’est peut-être encore pire pour elle parce qu’elle incarne un personnage qu’on a peu vu à l’écran.
Sheryl Lee est Laura Palmer, mais Laura Palmer est déjà morte quand Twin Peaks débute. Pire, Laura Palmer, ce sont principalement deux images: celle de la découverte du corps emballé dans du plastique et la photographie de Laura en reine du lycée. On est bien face à des icônes au sens religieux du terme. Des images fixes, immobiles, inamovibles, qui n’évoluent pas. Bref, une véritable prison.
Laura Palmer est pratiquement le premier rôle de l’actrice. Sheryl venait de passer dans plusieurs école d’art dramatique à Pasadena, en Caroline du Nord, à Denver.
Elle avait enchaîné avec quelques petits rôles dans des théâtres de Seattle. C’est là qu’elle a rencontré David Lynch et qu’il lui donne successivement un rôle dans Sailor & Lula (1990) et celui de Laura Palmer. Initialement, le personnage de Maddie, la cousine de Laura et son sosie parfait, n’existait pas. Lynch l’a créé parce qu’il voulait donner un rôle plus conséquent à Sheryl.
Le succès de Twin Peaks lui permet de décrocher quelques rôles très proches du personnage de Laura. D’abord dans Red Shoes Diaries, une série de téléfilms érotisants qui sont une fausse suite de L’Orchidée Sauvage. Elle interviendra dans plusieurs épisodes de la série dans le rôle de Kate Lyons.
Mais l’époque Twin Peaks se clôture. Et après Fire Walk With Me – le film qui raconte ce qui s’est passé avant le meurtre de Laura – Sheryl n’accumule plus franchement les succès. Elle participe à une mini-série pour NBC, Love, Lie & Murder. Elle donne la réplique à Al Pacino dans une pièce: Salomé. Elle tourne aussi pour le cinéma dans BackBeat (un film de Iain Softley sur les Beatles avant la gloire sorti en 1992), Nuit Noire de Keith Gordon (1996), Au-Delà Du Désir de Lance Young (1998), et Vampires de John Carpenter (1998).
En 1998, Sheryl Lee fait partie de la distribution de L.A. Docs (L.A. Doctors). Et c’est la première fois qu’elle retrouve véritablement un rôle principal depuis Twin Peaks. Mais la série ne défraye pas la chronique, elle sera d’ailleurs annulée après une saison. On lui reproche ses personnages un peu trop lisses. En fait, Sheryl Lee est la seule à tirer son épingle du jeu. La série est d’autant plus critiquée qu’elle aurait pu être intéressante puisqu’elle tentait de renouveler le genre médical en transposant l’action dans une clinique privée. L’essai n’est pas concluant.
Le constat sera identique pour Kingpin en 2003. Cette série raconte l’histoire d’un cartel de drogue au Mexique. La mini-série ne convainc pas: trop inégale, des personnages trop plats, des intrigues qui ne se terminent pas. Mais Yancey Arias et Sheryl Lee, les deux acteurs principaux, parviennent à rendre leurs rôles convainquant.
On a l’impression que Sheryl passe toujours à un cheveux du succès. C’est encore pire en 2004. Elle tourne dans le premier pilote de Desperate Housewives. Elle y incarne Marie-Alice Young… Il faut croire que les rôles de mortes la poursuivent. Cet épisode ne sera jamais diffusé et elle sera remplacée par Brenda Strong. Vraiment pas de chance.
Depuis, elle est apparue dans plusieurs épisodes de séries en vues: FBI Portés Disparus (2003), Dr. House (2006), Les Experts: Manhattan (2006). Récemment, elle a aussi participé à trois épisodes de la première saison de la sulfureuse Dirty Sexy Money.
On sait que c’est une bonne manière pour se faire remarquer. C’est comme ça qu’ont procédé Tony Danza (l’ancien Tony Micelli de Madame Est Servie), John Stamos (oncle Jesse dans La Fête A La Maison) ou Linda Carter (l’éternelle Wonder Woman). La stratégie finira-t-elle par payer? Franchement, elle le mériterait.