Muppets Most Wanted
On prend les mêmes et on recommence. C’est ce qu’a bien évidemment dû se dire le studio Walt Disney Pictures au vu du succès faramineux du précédent film des Muppets en 2011, véritable renaissance pour les marionnettes les plus célèbres du show business.
Pour cette sequel, James Bobin reprend son siège de réalisateur et Nicholas Stoller celui de scénariste. Toutefois, devant l’écran, outre Kermit et sa bande, exit les romantiques Jason Segel et Amy Adams et bonjour les plus cartoonesques Ricky Gervais, Tina Fey et Ty Burrell.
Suite directe d’un précédent opus très méta dans lequel les Muppets retrouvaient la gloire et les faveurs du public après être quelque peu tombé en désuétude, « Muppets Most Wanted » embraye immédiatement sur la question fondamentale de ce retour en grâce: « Et maintenant on fait quoi? ».
Sur les conseils de Dominic Badguy, un manager louche maniant avec doigté l’art de la flatterie, notre candide troupe décide de se lancer dans une tournée de show à travers l’Europe. Mais ce qu’ils ne savent alors pas, c’est que cet arnaqueur de première est en fait de mèche avec Constantine, un criminel international, double quasi parfait de Kermit, venant de s’échapper du goulag soviétique dans lequel il croupissait.
A deux et sous la couverture du show itinérant, ils envisagent de dérober des oeuvres d’art et des trésors de chaque capitale européenne, avec comme point d’orgue, les bijoux de la couronne d’Angleterre.
Etant parvenu à faire arrêter Kermit par la police et à l’envoyer au goulag à sa place, Constantine se fait passer pour lui au sein de la troupe sans que les autres ne parviennent à s’en apercevoir. Une voie royale s’ouvre à lui dès lors pour mettre ses plans machiavéliques à exécution, bien qu’un agent d’Interpol et un muppet de la CIA commencent à surveiller rapidement les déplacements de la troupe et à suspecter un lien avec les vols commis…
Pour ce nouvel opus, finie la gentille réflexion sur l’acception de soi et la ritournelle du retour en enfance, qui faisaient le charme du précédent épisode, et place à l’action et à un film au rythme beaucoup plus frénétique.
On remarquera dès la première scène musicale que les Muppets n’ont rien perdu de leur humour mordant, lorsqu’ils nous chanteront qu’ils vont devoir préparer une suite à la demande des studios. Et on rira beaucoup durant les presque deux heures du film, notamment grâce à l’impayable faune de marionnettes déjantées comme Miss Piggy, Gonzo, Fozzy ou encore Animal, mais également grâce aux talents d’acteurs spécialisés dans la comédies.
Si Ricky Gervais s’en tire avec les honneurs en manager véreux et que Ty Burrell est irrésistible en agent d’Interpol un peu benêt, c’est une Tina Fey énorme que l’on louera en matonne de goulag fan de comédies musicales et follement amoureuse de Kermit.
Muppets obligent, les différentes escales dans les villes européennes seront également l’occasion de multiplier les caméos. Citons en vrac, les chanteurs Tony Bennett, Lady Gaga, Usher, P. Diddy et Josh Groban, ainsi que du côtés acteurs, Danny Trejo, Salma Hayek, Ray Liotta, Chloë Grace Moretz, Stanley Tucci et Christoph Waltz, tous venus faire une apparition plus ou moins drolatique pendant quelques secondes.
Mais là où les auteurs toucheront au génie, c’est en invitant la vraie Céline Dion pour un duo musical d’anthologie et simplement hilarant avec Miss Piggy.
Vous l’aurez compris, cet énième retour des Muppets sur grand écran est à nouveau un condensé de bonne humeur, truffé de chansons soignées, qui pourra faire le plaisir des jeunes ou des moins jeunes malgré le caractère forcément téléphoné de son scénario.
C’est pourtant un camouflet au box-office que s’est pris Muppets Most Wanted avec ses 51 millions de dollars de recette sur le sol américain, divisant les scores du précédent métrage par deux et parvenant à peine à rembourser son budget de 50 millions. Voilà un résultat risquant de renvoyer les petites marionnettes dans les cartons pendant à nouveau quelques années…
En quelques mots...
Tilman Villette
Muppets Most Wanted
Suite directe du film signant le retour en grâce des Muppets, qui gagne en humour et énergie ce qu’elle perd en tendresse et nostalgie.