Starved
Les producteurs de série l’ont bien compris: pour faire sa place au soleil dans le monde hyper compétitif des séries, il faut marquer les esprits, surprendre et parfois choquer. Si Showtime et HBO ont montré la voie avec des réussites telles que Sex & The City, L Word, Dexter, Weeds ou encore True Blood, d’autres chaînes du câble ont tenté l’expérience avec moins de bonheur.
C’est ainsi que FX Network a accouché en 2005 de la comédie Starved. Ce qui en anglais veut dire « affamé » mais qui peut être aussi interprété par « recherche d’attention désespérée ». Et de désespoir, il en est largement question dans cette comédie créée par Eric Schaeffer. Ce dernier s’est servi de sa propre expérience en matière de troubles alimentaires pour raconter le quotidien de 4 amis réunis autour de sérieux dérèglements en matière de nourriture.
Sam est un trader qui souffre de boulimie compulsive et d’anorexie. Une maladie qui cache difficilement son incapacité à s’attacher émotionnellement. Sam est un vrai obsessionnel et pourrit chaque relation amoureuse qu’il débute en un temps record. Il faut dire qu’il est secrètement amoureux de Billie.
Cette ancienne ballerine souffre également d’anorexie. Bisexuelle et alcoolique, elle n’arrive pas à gérer le fait d’avoir été élevée par deux pères. Bref, un personnage bien chargé construit à gros renforts de clichés.
A ses côtés, il y a le romancier Dan. Son tour de taille ne laisse planer aucun doute sur son trouble alimentaire: la boulimie. C’est pourtant le seul de nos héros qui peut se targuer d’être marié. Malheureusement, son couple est sérieusement mis à mal à cause de sa maladie. Sa femme veut absolument tomber enceinte et Dan se demande si son embonpoint ne va pas finir par dégoûter sa moitié.
Le dernier des 4 amis est Adam. Ce policier souffre de boulimie et use et abuse de son autorité pour manger à l’oeil. C’est ainsi qu’il s’en prend à des immigrés chinois et promets de les laisser filer s’ils donnent leur loempias en retour. Adam compense son régime alimentaire élevé en pratiquant la musculation de façon intensive.
On l’aura compris, les 4 héros de Starved ont de sérieux problèmes. Mais ces problèmes font ils automatiquement une bonne histoire? Car bien si le créateur de la série se défend de s’être inspiré de sa propre expérience, ce n’est pas pour autant qu’il a des choses à raconter.
Le ton est donné dès les premiers épisodes, Eric Schaeffer qui s’est également attribué le rôle principal ne fait pas dans la dentelle. Les 4 personnages sont tellement vulgaires, égocentriques, forcés et minables qu’il est impossible de les prendre en affection ou même pitié. La palme revient même à Sam que le téléspectateur rêve de défoncer à coups de pelles pour casser une à une les dents de son sourire narquois.
Et ce ne sont pas les scènes sensées être drôles qui vont rattraper le manque de charisme des personnages. Comment ne pas être consterné devant certaines scènes qui de toute évidence avaient pour objectif de faire rire, mais qui ne provoquent qu’un froncement de sourcils prolongé. Pensons à celle où Sam largue sa copine tout en se faisant faire un lavement rectal et finit par quitter la table d’opération un geyser d’eau aux fesses pour arroser les patients dans la salle d’attente. Le même Sam qui l’épisode d’après se coupe le scrotum en se rasant le pubis et les testicules.
Vous l’aurez compris, Starved ne vole franchement pas haut et rien ni personne ne semble avoir eu le courage de dire à Eric Schaeffer que ses blagues ne font rire que lui et qu’il est incapable d’écrire une histoire digne de ce nom alors que le sujet mérite que l’on s’y attarde.
A l’image de la phrase ritournelle qui clôture chaque témoignage des personnages dans leur groupe de parole. Starved, it’s not OK!
En quelques mots...
Nathanaël Picas
Alexandre Marlier
Starved
Le politiquement incorrect ne produit pas que des perles. En témoigne cette navrante série narrant les aventures de 4 personnages souffrant de troubles alimentaires divers. Nauséeux.