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Code Quantum

Sam Beckett, surdoué, met au point le projet Quantum qui consiste en un accélérateur temporel permettant de revenir dans le passé. Pressé par le gouvernement qui veut couper les vivres au projet, Sam va essayer la machine, et évidemment, cela ne va pas bien se passer.

« Tout a commencé alors que je dirigeais une expérience de voyage dans le temps appelée Code Quantum. Lors de cette expérience, une horloge temporelle déréglée me fit passer de l’état de physicien à celui de pilote d’essai. Ce qui aurait pu être amusant si j’avais su piloter. Heureusement, je suis aidé par Al, mon ange gardien qui me suit depuis le début. Mais Al est un hologramme et je suis seul à pouvoir communiquer avec lui. Bref, je me promène dans le temps passant de la peau d’un personnage à un autre, en essayant de réparer les erreurs du passé et j’espère à chaque fois que mon prochain saut me ramènera chez moi et me rendra enfin mon vrai visage. »

Code Quantum: l’histoire

Sam Beckett (Scott Bakula) est originaire de l’Indiana. Il a une soeur et un frère. Surdoué, il entreprend des études brillantes et décrochera six doctorats, dont les plus importants: médecine, langues anciennes et physique quantique. Il est aussi expert en arts martiaux, pianiste accompli et prix Nobel de physique.

Malheureusement, la vie de ce surdoué est loin d’être rose: pour mener sa vie professionnelle, il a du abandonner sa vie personnelle. En effet, sa soeur a épousé un alcoolique, son frère est mort au Vietnam et il n’a jamais épousé Donna Eleree, la femme de ses rêves, pour une raison mystérieuse.

Afin de se composer une nouvelle vie, de réparer les erreurs du passé, il met au point le projet Quantum qui consiste en un accélérateur temporel permettant de revenir dans le passé. Il s’associe alors avec Al, c’est-à-dire Albert Calavici (Dean Stockwell).

Ce militaire a eu lui aussi une vie difficile. Abandonné par sa mère, un père qui décède pendant son enfance et une soeur retardée mentale qui décédera dans une institution sordide dans laquelle on l’a placée. Il a trempé dans des milieux louches avant de s’engager dans la marine et d’y gagner les galons d’amiral.

Malheureusement, sa vie personnelle va souffrir de sa carrière militaire et de sa course à la stabilité. Sa femme aura refait sa vie lorsqu’il revient du Vietnam, alors que tous le croient mort.

Bref, pressé par le gouvernement qui veut couper les vivres au projet Quantum, Sam va essayer la machine, et évidemment, cela ne va pas bien se passer. Sam se retrouve dans la peau d’une personne à une autre et ne peut retourner dans le présent ni choisir où il va. Secondé par Al, il va comprendre petit à petit qu’il doit faire le bien pour gagner sa liberté (Dieu semble en effet se mêler de cette histoire).

Il s’incarne donc dans de multiples peaux: des hommes, des femmes, des enfants, voire même un chimpanzé, et cela, dans le passé. Parfois, il parvient à améliorer sa propre vie ou celle d’Al en sauvant le mariage de ce dernier.

Spoiler

Finalement (car cette série est l’une des rares à avoir une fin !), il se retrouve dans un « purgatoire » ou quelque chose qui y ressemble, et comprend que son destin est d’être un ange gardien. Il repart donc vers le passé et continue sa mission mais cette fois dans sa propre peau.

Genèse de Code Quantum

Cette série est créée par Donald Bellisario. Un des grands noms des séries télés, vu qu’il est le créateur, entre autre, de Magnum (Tom Selleck), de Supercopter, de Jake Cutter,… Il a également réalisé un film: Last Rides/Crimes De Sang (1988); film qui a eu peu de succès.

D’après ses propos, il pensait déjà à ce concept de série lors du tournage des épisodes de Magnum. Au départ, il s’agissait d’un savant atteint d’une maladie héréditaire qui remontait dans le temps afin de soigner son grand-père et donc éviter sa maladie.

La base du scénario deviendra celle qu’on connaît et ceci pour des raisons budgétaires. Et pour la même raison, Bellisario limitera les sauts de Sam dans le deuxième partie du XXème siècle (pendant la vie de Sam).

Il va présenter le projet à la chaîne NBC. Celle-ci accepte à condition que l’histoire ne devienne pas de la science-fiction (sic). Toujours à cause d’un budget tout petit, les producteurs ne pourront se permettre trop d’effets spéciaux, ni de costumes trop extravagants, et encore moins de décors coûteux.

De plus, les producteurs ont décidé que le tournage ne pourrait s’effectuer à plus de 50 km des studios. Certains décors serviront donc plusieurs fois dans les différents épisodes (ex.: La ferme des parents de Sam aura un emploi tout à fait différent dans l’épisode « Le défit est lancé »).

L’épisode pilote est diffusé sur NBC le 26 novembre 1989 et est suivi de 7 épisodes la première année. La critique apprécie et les fans se multiplient. Une deuxième saison se prépare.

Pour la troisième saison, on demande à Bellisario de limiter le rôle de Dieu qui prend une place trop importante aux yeux des producteurs. Bellisario avait en effet tendance à appuyer un peu trop le côté moralisateur de la série. Mais il rêve de concepts plus excentriques: Sam dans la peau d’un chien, d’un bébé, ou même d’un personnage de dessin animé. Des bonnes idées, abandonnées par cause de budget trop peu élevé.

Malgré la critique excellente et le nombre de fans toujours croissants, NBC décide d’arrêter net les frais en janvier 1991 et suspend la diffusion de Code Quantum. C’est sans compter sur les milliers de lettres de réclamation des « leapers » (nom des fans aux USA, le titre original étant Quantum Leap). Le chef de programmation s’incline, la série reprend, mais ses maigres budgets sont de nouveau revus à la baisse.

En 1992, arrive une nouveauté, car Sam se retrouve dans la peau de célébrités ou les côtoie. (Lee Harvey Oswald – l’assassin présumé de J.-F. Kennedy – ou encore Marilyn Monroe).

Enfin, la cinquième saison oblique plus franchement vers la science-fiction. Bizarrement, c’est NBC, qui au départ l’avait interdite, qui en est le principal demandeur. Il faut dire que depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts: des films tels que Star Trek: The Next Generation ou la trilogie des Retour Vers Le Futur ont été des cartons au box office. Sam se retrouvera donc confronté à des voyageurs temporels qui sont exactement l’opposé de nos héros: Alia, Zoey et Lothos, dont la mission est de faire le mal.

Finalement, Bellisario est chargé d’écrire le dernier épisode, où l’on apprendra que la mission de Sam est éternelle. Des projets de films, de redémarrage de la série ou encore de dessin animé n’aboutiront jamais. Il est à noter que la série est arrivée en Europe lorsqu’elle venait de s’arrêter aux USA.

Sources et influences

La série est très difficile à classer. En effet, selon les épisodes, on passe du policier au fantastique; du mélodrame à la comédie, de la science-fiction à l’histoire de guerre,… On peut cependant la classer parmi les anthologies et lui découvrir quelques grandes influences.

L’anthologie est une collection d’histoires chaque fois différentes sous le parapluie d’un même thème fédérateur. Chaque épisode possède donc une teinte propre. Mais le cadre et les personnages récurrents fidélisent le spectateur.

Code Quantum relève de ce genre, mais pas tout à fait, car il y a en plus un fil rouge, une quête personnelle qui lie les épisodes et donc une série dans la série: il s’agit du retour vers le passé malheureux des deux protagonistes.

D’autres séries jouent sur ce tableau: Chapeau Melon Et Bottes De Cuir, le Fugitif, Les Routes Du Paradis et toutes les séries qui doivent probablement le plus à Code Quantum: X-Files et Slider.

Le voyage dans le temps qui n’est pas non plus un thème neuf: il sort tout droit du roman « Le Voyage De Simon Marley » de J. Finney paru à la fin des ’60 aux USA. Des séries comme Au Coeur Du Temps ou Dr Who ont déjà joué sur ce concept.

D’ailleurs, Au Coeur Du Temps d’Irwin Allen paraît très importante dans la genèse de Code Quantum. Les bases sont en effet les mêmes: on y retrouve un savant prenant le risque d’essayer une machine qui n’est pas tout à fait au point. L’idée de mission d’ange gardien supervisée par Dieu peut quant à elle faire étrangement penser aux Routes Du Paradis de et avec Michael Landon, le père de et dans La Petite Maison Dans La Prairie.

Le passage d’un corps à un autre était un des ressorts du film Le Ciel Peut Attendre avec Warren Beatty. Ce long métrage raconte l’histoire d’un homme mort trop tôt à cause d’une erreur divine et qui est renvoyé sur terre dans un autre corps et complètement amnésique. Cette histoire se termine bien car il finit par rejoindre sa femme par un beau hasard. De son côté, la trilogie « Retour Vers Le Futur » – surtout sa première partie – a connu tellement de succès qu’elle n’a pu que marquer la série et Bellisario.

Notons que d’autres films ont inspiré quelques épisodes de façon plus ponctuelle, comme celui intitulé « Miss Melny et son chauffeur ». Le rapport est évident.

Rappelons que le propre du feuilleton T.V. est d’appartenir à son époque. Il n’est donc pas impossible que quelques faits divers réels se soient glissés dans les lignes du scénario. Pour le détail, n’oublions pas non plus que la première série à avoir utilisé un monologue introducteur rafraîchissant ainsi la mémoire des spectateurs était Au Coeur Du Temps.

Les innovations de Code Quantum

Code Quantum doit donc, comme toute série, à ses prédécesseurs. Mais elle a quand même développé quelque chose de différent. La série qui ressemble le plus à Code Quantum est Au Coeur Du Temps, hors on se rend compte qu’elle s’en éloigne par d’importants principes.

Allen privilégie l’action, les rebondissements. Ses personnages sont des pantins. Bellisario, lui, laisse de côté la science-fiction pour mettre l’accent sur l’aspect humain. C’est d’ailleurs sur l’absence d’éléments trop fous et sur l’humain qu’il comptait attirer un large public. Et c’est ça qui marche car les spectateurs s’attachent à Sam et Al alors que les personnages d’Allen restent trop artificiels pour y croire.

Là où Allen mise sur les effets spéciaux et des situations spectaculaires, Bellisario travaille dans des scénarios de qualité, la psychologie des personnages, leur originalité et surtout l’humour. Cet humour provient surtout du contraste entre Sam et Al, le naïf et l’expérimenté, le moraliste et le non-conformiste, le savant et le coureur de jupons.

Cet aspect du duo d’acteurs est finalement l’élément le plus marquant de Code Quantum. D’autres séries fonctionnent également sur cette structure (Chapeau Melon Et Bottes De Cuir, Les Routes Du Paradis, Starsky Et Hutch,…). Mais Bellisario a su choisir les acteurs qu’il fallait pour que la magie s’opère. Plus que les scénarios, plus que l’humour, les deux vedettes ont porté la série au succès.

Bellisario a associé Scott Bakula, alors inconnu du grand public à un Dean Stockwell, ex-enfant star, en plein retour dans la lumière (il venait d’être nommé aux oscars pour son rôle dans « Veuve Mais Pas Trop » et sa prestation dans « Blue Velvet » avait été très remarquée).

Pour la petite histoire, notons que Scott Bakula a joué également dans la comédie musicale Godspell (’75), dans Marylin: An American Fable (’83), les séries Matlock et Sam Suffit ainsi que dans Designing Women. Il apparaît dans Sibling Rivalry (’90), inédit chez nous. Il a été en 2001 le commandant de la 5ème série Star Trek: Entreprise.

Dean Stockwell a joué dans Escale A Hollywood (1945, aux côtés de Gene Kelly et Frank Sinatra), dans Paris Texas (1984), Blue Velvet (1986), Veuve Mais Pas Trop (1988), Le Flic De Beverly Hills ou The Player (1992).

En quelques mots...

Sarah Sepulchre
Alexandre Marlier
Sophie Sourdiaucourt

Code Quantum

Une expérience scientifique tourne mal et Sam Beckett se trouve propulsé dans le passé. Avec l'aide de Al et de Ziggy, il tente de retrouver le présent tout en passant d'une aventure à une autre.

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Crédits Photos:
Belisarius ProductionsUniversal TV

Sarah Sepulchre

Sarah Sepulchre est professeure à l’Université de Louvain (UCL, Belgique). Ses recherches portent sur les médias, les fictions, les cultures populaires, les gender studies et particulièrement sur les représentations, les liens entre réalité et fiction. Sa thèse de doctorat était centrée sur les personnages de séries télévisées.

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