Cosmos 1999
Quand Alex m’a demandé de faire un dossier sur Cosmos 1999, j’avoue à l’époque ne jamais avoir entendu parler de la série auparavant. Tout au plus, le titre m’évoquait un très vague souvenir… Mais un terme me venait en tête: « space opera ». N’ayant jamais été grand fan de Star Trek et de toutes les séries de ce genre, j’ai pris peur. Mais Dieu seul sait pourquoi, j’ai accepté de répondre à cette requête. J’allais faire un dossier sur Cosmos 1999…
La création de Cosmos 1999
Cosmos 1999 est une série britannique de science-fiction diffusée entre 1974 et 1977. Bien qu’elle succède à d’autres séries prestigieuses du genre (La Quatrième Dimension, Star Trek et Les Envahisseurs), Cosmos 1999 a marqué la télévision des années ’70 et est devenue au fil du temps une série culte.
Le moins que l’on puisse dire c’est que les fées s’étaient penchées sur son berceau. En effet, elle fut la production la plus ambitieuse et la plus coûteuse de Gerry Anderson, un spécialiste du genre puisque nous lui devons des oeuvres telles que Les Sentinelles De L’air, Fusée XL-5 et UFO – Alerte Dans L’espace. A noter que, comme pratiquement à chaque fois, Anderson s’est adjoint les services de son épouse Sylvia Anderson pour créer la série.
En avance sur son temps et poussée par l’ambition de ses deux scénaristes et producteurs, Cosmos 1999 a tracé la voie pour plusieurs grands films et séries de science-fiction. La série demanda deux ans de préparation, quinze mois de tournage et de nombreux effets spéciaux. Ces derniers étaient d’ailleurs signés par Brian Johnson, celui-là même qui se chargera de ceux de 2001: Odyssée de l’Espace et Alien… rien que ça !.
À l’époque, Cosmos 1999 était la série télévisée la plus coûteuse, avec plus de 300.000 $ par épisode! Un budget qui fait bien rigoler aujourd’hui les héroïnes de Desperate Housewives puisqu’il s’agit de la somme qu’elles gagnent par épisode. Mais soit…
Cosmos 1999: l’histoire
Nous sommes en septembre 1999, les hommes ont acquis une maîtrise technologique suffisante pour coloniser la lune. Alpha est le nom de la station dans laquelle ils vivent. C’est pourquoi, ils sont surnommés les alphans. Tout semble aller bien dans le meilleur des mondes, si ce n’est que se produisent des choses étranges et inexpliquées sur cette station lunaire. Il faut avant tout savoir que le satellite de la Terre est devenu à la fois une vaste décharge de déchets nucléaires et une base de lancement d’explorations spatiales.
Le 9 septembre, le commandant John Koenig est envoyé sur place par le commissaire Simmonds pour remplacer le commandant Gorski. Sa mission est double:
- faire la lumière sur les crises de panique et la mort encore inexpliquée de neuf membres de la base.
- organiser les derniers préparatifs du lancement d’une expédition vers la planète Meta. Une planète vers laquelle tous les regards se tournent puisqu’elle pourrait être habitée.
Une fois sur place, le commandant Koenig comprend que les morts inexpliquées peuvent compromettre la mission vers la planète Meta. En effet, parmi deux des patients en observation figure un des membres de l’équipage censé se rendre sur la planète Meta. En attendant d’en savoir plus, il décide donc, et en dépit des pressions de Simmonds, de différer le départ vers la planète Méta, réduisant ainsi ses chances de succès.
Avec l’aide du docteur Helena Russell et du professeur Victor Bergman, le commandant Koenig découvre petit à petit que la cause des décès et des crises de panique de certains alphans n’est pas d’origine virale. Les radiations nucléaires ne sont pas non plus en cause. En réalité, ce sont les fortes radiations du champ magnétique de la zone d’entreposage nucléaire qui provoquent des lésions cérébrales.
Le commandant Koenig tente de réagir en décidant d’entreposer les déchets nucléaires différemment mais surgit alors le véritable cataclysme. Le 13 septembre 1999, une effroyable explosion causée par l’instabilité électrique des déchets nucléaires provoque la sortie de la Lune hors de l’orbite de la Terre, emportant la station Alpha avec ses 300 occupants dans une fantastique odyssée à travers l’espace.
Les personnages de Cosmos 1999
Cosmos 1999 s’articule autour de 3 personnages principaux: John Koenig, Helena Russel et Victor Bergman. Chacun de ces 3 personnages possède une personnalité forte et un passé chargé qui les relie d’une manière ou d’une autre à la station Alpha. Trinité!!!!!
John Robert Koenig: Joué par Martin Landau, John Koenig est un des meilleurs astrophysiciens américains de son époque. Il compte parmi les premiers à avoir travaillé sur le projet de la base lunaire Alpha. Lorsque le Commandant Anton Gorski est discrédité par la Commissaire Simmonds en septembre 1999, Koenig est nommé pour le remplacer sur Alpha. Informé de la cause véritable des 9 décès parmi l’équipe d’astronautes, il tente de trouver une solution. Trop tard, une explosion thermonucléaire projette la lune hors de l’orbite terrestre. Depuis lors, Koenig doit constamment se battre contre les éléments pour assurer la sécurité des centaines de survivants de cette catastrophe.
Homme respecté, Koenig est celui vers qui tout le monde se tourne avant de prendre une décision. Bref, chacun de ses actes est lourd de responsabilités et de conséquences.
Avec ses connaissances scientifiques ainsi que ses qualités de leader, il a pour but ultime la sécurité des gens sous son commandement. D’une intelligence très vive, il possède des nerfs d’acier, ce qui ne l’empêche pas de s’emporter à l’occasion, sous le feu de l’action. Les responsabilités qui lui incombent l’obligent à être intransigeant avec ses subalternes et associés. Néanmoins, ceux-ci se fient à lui afin de guider les destinés de la Base lunaire Alpha.
Koenig peut compter à tout instant sur l’appui précieux du chef du Centre médical d’Alpha, Helena Russell.
Helena Susan Blythe Russell: Fille d’un chercheur célèbre ayant contribué à enrayer certaines formes de cancer, Helena Russell, jouée par Barbara Bain, se dédie très tôt à la médecine. Elle se spécialise dans la branche toute nouvelle de la médecine de l’espace. Elle est engagée ensuite par la Commission spatiale internationale où elle rencontre son mari, l’astronaute Lee Russell. Celui-ci part en 1995 pour une mission en direction de Jupiter (Astro 7). Quelques mois plus tard, on perd toute trace de son expédition. Pour oublier sa peine, Helena s’investit à 100 % dans son travail.
Elle contribue ainsi à élaborer le système de support vital qui sera essentiel pour les habitants de la base lunaire Alpha. En février 1999, elle accepte de devenir chef du Centre médical d’Alpha. C’est elle qui la première détectera d’étranges symptômes chez les astronautes travaillant dans la section des silos contenant les déchets nucléaires, sur la face cachée de la lune. Lorsque le Commandant Koenig arrive sur la base lunaire en septembre 1999, Helena lui fera découvrir ce qui se passe réellement sur l’astre. Mais quatre jours plus tard, la catastrophe survient…
Helena Russell devra composer avec l’inconnu des profondeurs de l’espace. Entre autres et dès le 2ème épisode, elle fera une rencontre tragique avec Lee Russell, son mari disparu. Celui-ci n’est plus tout à fait le même… Plus tard, elle sera confrontée à son double dans un avenir alternatif. Puis elle retournera dix mille ans en arrière pour redécouvrir les origines du genre humain…
À première vue froide et calculatrice, elle est pourtant très proche des gens autour d’elle. Particulièrement de John Koenig. Notons au passage que les deux acteurs jouant ces deux personnages centraux, Martin Landau et Barbara Bain, se connaissent bien puisqu’ils avaient déjà joué ensemble dans la série Mission: Impossible… Et qu’ils étaient mariés dans la vraie vie!
Victor Bergman: Joué par Barry Morse, il est considéré comme le père de la base lunaire Alpha. Il a contribué à l’élaboration de plusieurs éléments et dispositifs permettant la survie des humains sur la surface de la lune. Il est cependant né à une époque où un voyage sur la lune tenait vraiment de la… science-fiction!
Malgré son allure débonnaire de savant distrait, Bergman est un génie de la trempe des plus grands savants de sa génération. Sa grande culture le rend paradoxalement très critique envers la technologie et ses dangers. Mais il n’hésite pas à s’en servir pour faire évoluer la race humaine…
Une maladie cardiaque l’a momentanément obligé à prendre un repos forcé. Il fut opéré d’urgence et on lui posa un coeur artificiel. Une expérience qui le rend un peu distant mais ne freine pas son enthousiasme scientifique.
En 1999, il est en visite sur la Base lorsqu’une série d’incidents étranges éclatent sur la face cachée de la lune, entraînant la mort d’astronautes. Avec Helena Russell, il tentera de faire la lumière sur ces événements. Il fera part de ses hypothèses au nouveau commandant de la base, John Koenig.
Koenig et lui se connaissent très bien, ayant travaillé ensemble sur Alpha, au moment de la Mission Ultra. Lorsque la lune quitte l’orbite terrestre, Victor ne cède pas à la panique. Il voit plutôt cette catastrophe comme un nouveau départ pour le genre humain. Pour lui, l’espace recèle plein de défis. Il sauvera plus d’une fois les habitants de la base lunaire Alpha d’une mort certaine avec ses savantes découvertes.
Victor est un être solitaire. Dans ses rares moments de loisir, il jouera de son violon dans ses quartiers, travaillera sur une de ses inventions ou discutera avec Helena Russell, avec laquelle il entretient une chaleureuse amitié. Au grand dam de sa grande amie, il ne déteste pas prendre un verre de brandy à l’occasion… Et, pourquoi pas, fumer un cigare!
Malheureusement, il n’aura pas le temps de voir l’aboutissement du voyage des alphans. Lors d’une vérification de l’équipement de surveillance de la base, sa combinaison spatiale lui fait étrangement défaut. Son coeur mécanique cède. Helena Russell tentera en vain de le sauver…
Les thèmes
Comme toute série qui se respecte, Cosmos 1999 présente un certain nombre de thèmes récurrents.
Dès le premier épisode, il est rapidement évident que la peur du nucléaire constitue l’un des thèmes importants de la série. Ce qui, en se replaçant dans le contexte de l’époque, apparaît évident. Le nucléaire vers la fin des années ’70, bien que maîtrisé, fait toujours peur. On ne sait pas quoi faire des déchets radioactifs… Même si Cosmos 1999 propose la solution d’entreposer ses déchets sur la lune, on se rend compte rapidement que cette solution ne fait que déplacer le problème. La lune connaîtra une puissante explosion nucléaire et sera délogée de son orbite autour de la terre.
Notons au passage que ce choix scénaristique est particulier. Au lieu de faire voyager ses personnages dans un immense vaisseau spatial, Cosmos 1999 fait carrément de la lune, un moyen de transport incontrôlable. Elle part à la dérive et rien ne peut l’arrêter. Seul le lointain espoir de croiser une planète habitable en chemin fait vivre les alphans. La métaphore d’un monde à la dérive se raccrochant à l’hypothèse d’un paradis est plutôt réussie.
Autre thème: le pouvoir et les responsabilités. Koenig étant le commandant de la station, chacun de ses choix a une influence sur le reste de la communauté. C’est lui qui, par exemple, décide de rester sur la station Alpha après l’explosion et qui « empêche » le retour sur terre. La série revient constamment sur le thème du pouvoir et des responsabilités qui en découlent. On comprend que le pouvoir n’est pas un véritable privilège ou une facilité en soi. C’est au contraire une lourde tâche soumise à l’obligation d’obtenir des résultats, sans quoi le pouvoir est retiré.
La technologie et son utilisation est un des thèmes récurrent de la série. Les personnages de Cosmos 1999 utilisent fréquemment et même dès qu’ils le peuvent la technologie, une façon assez paradoxale de souligner leur humanité mais également leur soumission à cette technologie qui est le seul garant de leur survie.
Ils portent ainsi une télécommande à leur ceinture, télécommande qui leur permet d’ouvrir toutes les portes. Personnellement, je trouve l’utilisation de cette télécommande un brin surfaite. Les personnages se voient ainsi à chaque fois face à une porte fermée, doivent sortir la télécommande, appuyer sur le bouton… pour que la porte s’ouvre enfin.
Heureusement, d’autres éléments technologiques interviennent et sont nettement plus plausibles: le coeur artificiel de Bergman, les petites conversations via un écran vidéo…
Critique de la série
J’admets sans honte m’être plongé dans Cosmos 1999 avec assez peu d’enthousiasme. Et pourtant, je reconnais à la série de très grandes qualités. La mise en scène fourmille de petites idées très intéressantes et les effets spéciaux étaient excellents pour l’époque. Bien entendu, ils font clairement kitsch aujourd’hui… mais cela garde son charme. Et puis, il est toujours amusant d’apercevoir le câble accroché dans le dos d’un personnage lorsqu’il est censé être en situation d’apesanteur.
Ensuite, bien que certains épisodes soient parfois construits de façon un peu confuse, la saison 1 se démarque par sa grande cohérence et ses thèmes jouant sur de nombreuses métaphores renvoyant à notre société.
Quelques bémols à souligner toutefois: le jeu d’acteur très particulier et très agaçant de Barbara Bain. L’actrice veut jouer un personnage un peu froid d’apparence. Par conséquent, elle semble figée et affiche pratiquement une seule et même expression durant toute la série. Je dirai même qu’on a l’impression qu’elle a un bâton dans le ***.
Autre défaut de taille: la différence flagrante entre la 1ère et la 2ème saison. En effet, et malgré le très vif succès remporté par la 1ère saison, la chaîne britannique ITV n’y crut pas. La seconde saison, même tournée dans les studios anglais, fut produite par l’américain Fred Freiberger (Les Mystères De L’ouest, Star Trek, L’homme Qui Valait 3 Milliards). Avec ce transfert de nationalité, Cosmos 1999 a perdu sa dimension philosophique et fantastique et une bonne partie de ses personnages (Barry Morse en tête) pour privilégier l’action pure. Pour cette raison, les « puristes » considèrent la première saison comme seule digne d’être vue.
En quelques mots...
Nathanaël Picas
Alexandre Marlier
Sarah Sepulchre
Cosmos 1999
Série de science-fiction britannique, space opéra pré-Star Wars, abordant avec intelligence des thèmes philosophiques. Evitez la saison 2, trop tarte à la crème.