Paranoia Agent
Nous avons tous un jour été des victimes de la peur. Que nous le voulions ou non. C’est notamment le cas de la jeune conceptrice de peluches kawaii Tsukiko Sagi, personnage de la série Paranoia Agent. Un soir, alors qu’elle rentre chez elle, elle se retrouve seule dans une rue sombre et se fait agresser par un mystérieux gamin armé d’une batte de baseball et chaussé de rollers jaunes.
Alors que ces collègues croient au canular, la police enquête. Il faut savoir que suite au grand succès de sa dernière création Maromi, une petite peluche canine rose, la jeune fille est très jalousée des autres employés de la boîte et stressée par les nouveaux délais qu’on lui impose.
Les inspecteurs Ikari, un vétéran terre-à-terre et agressif, et Maniwa, un jeune premier sensible et attachant, sont alors chargés de cette affaire déjà largement médiatisée. Bien que sceptiques de prime abord, d’autres victimes du désormais célèbre « garçon à la batte » les obligeront à reconnaître les faits et à mener cette enquête plus sérieusement. Voilà donc qui lance la série animée Paranoia Agent.
Crée en 2004 par le Studio Madhouse (Boogiepop Phantom, L’Île Au Trésor, X) et diffusée en France sur MCM à partir du 1er septembre 2007, ce petit bijou japonais de 13 épisodes de 22 minutes est à mettre au compte du réalisateur Satoshi Kon, auquel on doit les trois longs-métrages exceptionnels que sont Perfect Blue, Millenium Actress et Tokyo Godfathers.
Avec un scénario qui tient en haleine, Paranoia Agent ne ressemble pas à une série animée ordinaire. Gravitant toujours autour de ce mystérieux « garçon à la batte », chaque épisode de Paranoia Agent est pourtant indépendant des autres et met en scène un héros différent. La série change donc constamment d’angle de vue et d’ambiance, nous plongeant tantôt dans le milieu des écoliers, tantôt dans la schizophrénie, ou encore dans la corruption. Le génie de cette série tient au fait qu’elle parvient malgré tout à établir des liens entre ses différents personnages et surtout à rester cohérente.
Remarquons à présent que cet animé met en avant de nombreux tabous de la société japonaise. On y découvre alors de nombreuses références à l’actuel replis des jeunes sur eux-mêmes au profit des jeux vidéo, d’internet, ou de tout autre produit de la technologie néfaste au maintien de notre vie sociale. Nous verrons également qu’un des épisodes s’inspire d’événements réels et nous présente un groupe d’internautes qui se sont donné rendez-vous dans le but de réaliser un suicide collectif.
Mais ce qui dérange surtout ici réside dans le fait que le réalisateur de la série traite ce sujet de façon humoristique, en nous présentant ces personnages à la manière de trois gais lurons. Ainsi, la série dénonce, mais elle tente également d’apporter des éléments de réponse face à cette folie suicidaire du Japon, face aux grands problèmes sociaux auxquels ce pays est confronté aujourd’hui.
Le résultat de cette série est donc une caricature plus que réaliste de la société japonaise contemporaine, avec une mise en scène complexe et une constante ambiguïté entre le réel et le fictif. Cette force peut cependant devenir une faiblesse à partir du moment où le téléspectateur ne sait plus distinguer les deux et va alors se perdre dans l’histoire.
Paranoia Agent reste néanmoins une excellente série animée pour adultes intelligente et bien ficelée, qui mérite très certainement qu’on s’y attarde.
En quelques mots...
Cindy Willeme
Paranoia Agent
Anime japonais surréaliste et un peu étrange jouant sur la psychologie. Pour public adulte.