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Dossiers Séries

Six Feet Under

Le moins que l’on puisse dire c’est que la chaîne payante américaine HBO est un véritable paradis pour les créateurs de séries originales et décomplexées. Cette chaîne, sorte de méga Canal + américain, est connue pour ses séries très « tendance » mais souvent de très bonne facture telles que « Sex & The City« , « Carnivàle » ou encore « Les Soprano ».

C’est justement cette série sur les dessous de la mafia italienne que HBO cherchait à remplacer lorsqu’elle a commandé Six Feet Under (Six Pieds Sous Terre). En effet, « Les Soprano », bien qu’auréolés d’un succès critique et public, n’occupait l’antenne que 13 semaines par an. Il fallait donc leur trouver un remplaçant suffisamment costaud. Et force est de constater qu’une fois encore les dirigeants de HBO ont tapé dans le mille en s’adressant au scénariste Alan Ball.

Epatés par la force et la qualité de Six Feet Under, ils en commandèrent d’ailleurs la deuxième saison avant même que la première ne soit diffusée. La pluie de Golden Globes et de Emmy Awards qui s’en suivi ne fit que leur donner raison. Pourtant, le sujet de la série avait de quoi faire frémir.

Six Feet Under: la genèse

En effet, la série nous propose de suivre le quotidien d’une famille de croque-morts. Et là, il faut bien le dire, nous pénétrons dans un univers pour le moins particulier. Ne se refusant rien, le producteur et scénariste Alan Ball s’attaque aux deux plus grands tabous de la société américaine: la mort et le sexe.

Notons au passage qu’Alan Ball s’était déjà bien fait remarquer en signant le scénario (pour lequel il a reçu un Oscar) de l’excellent film « American Beauty », critique acide et décapante de la famille américaine.

Ici encore, le scénariste se lance dans une peinture sociale très juste mais sans complaisance d’une famille américaine à la fois totalement à part (du fait que la mort est leur gagne-pain) mais en même temps tellement proche de nous. Alan Ball tend à démontrer que les gens sont bien souvent très différents de leur image, de ce qu’ils montrent en société, que sous la couche de vernis se cachent des gens aux motivations et aux sentiments très complexes. En résumé, le politiquement correct et l’hypocrisie en prennent pour leur grade.

Premières particularités de Six Feet Under

Six Feet Under nous invite donc à suivre la vie d’une entreprise de pompes funèbres située à Los Angeles. Première des nombreuses originalités de la série: son début. Chaque épisode commence par la mort d’une personne dont la famille Fisher prendra le cadavre en charge jusqu’à l’enterrement. On assiste donc chaque semaine à des morts on ne peut plus variées comme celles d’une femme à moitié décapitée dans sa voiture, un homme découpé dans un hachoir géant, un règlement de compte qui tourne au meurtre ou encore le décès prématuré d’un nourrisson.

Parfois révoltante, parfois douce-amère et même quelques fois drôle, la mise en scène de la mort a le mérite d’annoncer la couleur: ici, on affronte la mort de front. On la regarde en face. Les cadavres sont là, filmés froidement, cliniquement. Félicitons de suite l’intelligence des scénaristes qui ont évité à la série de s’engluer dans un excès de larmoiements. Le regard est tantôt dur, tantôt tendre mais jamais complaisant.

Cette entrée en matière, pour le moins surprenante et inhabituelle, a par ailleurs soulevé de nombreuses polémiques aux Etats-Unis. En effet, dans un épisode de la saison 1, un homme se pend alors qu’il s’adonne aux joies de la masturbation. Le fait de se pendre augmentait son plaisir. Malheureusement pour lui, le jeu sexuel vire au drame lorsqu’il se retrouve incapable de se détacher.

Six Feet Under: les personnages

Six Feet Under débute par la disparition du père de la famille Fisher, Nathaniel, ce qui va bousculer la vie des autres membres de la famille. Chacun va donc devoir faire face à ses responsabilités et surtout le clan va devoir apprendre à vivre ensemble.

On ne peut correctement parler de « Six Pieds Sous Terre » sans parler de ses personnages principaux. Ce sont eux qui, par leur finesse de trait et leurs dysfonctionnements chroniques, font toute la saveur de la série. Je vais ici m’attarder aux personnages composant la famille Fisher. Bien entendu, autour d’eux gravitent d’autres personnages tout aussi intéressants et passionnants. Mais parler de tous est impossible.

A l’origine, l’entreprise familiale Fisher et fils était dirigée par le père. Ce dernier espérait voir prospérer son entreprise grâce à ses fils. Seulement voilà, Nathaniel, l’aîné, a préféré quitter le cocon familial pour vivre une vie de bohème. Mais la mort de son père va l’obliger à réintégrer sa famille. En effet, son père lègue l’entreprise à ses deux fils. Nate se voit ainsi « forcé » à apprendre à gérer une entreprise, à faire face à la mort et à vivre dans une famille qu’il a toujours rejetée, mais aussi découvrir qui était réellement son père, à titre posthume. Histoire de compliquer un peu plus les choses, lors de son arrivée à Los Angeles, il tombe amoureux de Brenda, une jeune femme belle et intelligente mais très instable psychologiquement et au passé relativement trouble.

De plus, il doit faire face à son cadet, David, qui voit d’un mauvais oeil l’arrivée de Nate dans l’entreprise familiale. Ayant toujours marché dans les pas de son père, David espérait que Fisher et fils lui revienne entièrement de droit à la mort de ce dernier. Mais la gestion de l’entreprise familiale n’est pas l’unique pomme de discorde entre les deux frères. Pour résumer, tout les oppose. Autant Nate est libéré et extraverti, autant David parait fermé et conventionnel. Sa seule « originalité » (je dirai même différence par rapport à ce qu’attendait son père) est son homosexualité. Encore une série qui parle d’homos me direz-vous? Oui et non. Oui parce que l’homosexualité de David est un sujet récurent de « Six Pieds Sous Terre » (et saluons au passage la finesse avec laquelle ce sujet est abordé), et non parce que ce sont plus les rapports entre les personnages et leurs questions existentielles qui font la saveur de cette série.

En parlant de questions existentielles, le personnage de Claire, la soeur cadette de la famille, est celui qui en pose le plus. Faisant preuve d’une maturité inhabituelle, l’adolescente est loin de ressembler au teenager américain classique. Cynique, elle pose un regard désabusé mais souvent très juste sur la société qui l’entoure. Elle n’hésite pas à taper là où ça fait mal et à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ce qui explique en partie pourquoi elle est en conflit permanent avec sa mère.

La mère, Ruth, est le personnage qui clôture ce petit tour d’horizon de la famille Fisher. Après la mort de son mari, elle tente de se retrouver, de se créer une place dans la société. C’est pourquoi elle se fera embaucher chez un fleuriste, qu’elle fréquentera plusieurs hommes tout en continuant de gérer au mieux sa petite famille. Comme les autres, l’image qu’elle véhicule d’elle-même au début de la série est finalement très éloignée de sa véritable nature. D’apparence stricte et sévère, elle se révèle petit à petit être une mère courage, aimante et dévouée. Il s’agit sans conteste d’un des personnages les plus touchant de la série.

Critique

Depuis ses débuts, la série connaît un véritable succès d’audience mais aussi et surtout critique. Quelles sont les raisons de ce succès?

Premièrement, le réalisme dans lequel sont plongés les personnages est une manière pour la série de se démarquer des autres. Loin de Beverly Hills et du glamour qui faisait rêver, les personnages de « Six Pieds Sous Terre » nous semblent, eux, bien réels. Ils ne sont ni laids ni beaux, ni méchants ni gentils… Ils s’habillent normalement. Ils sont « naturels », et non pas cachés sous une tonne de maquillage et coiffés comme des stars. On ne peut qu’applaudir des deux mains et des deux pieds la finesse avec laquelle ils sont croqués. Point de manichéisme, ils agissent tous selon leurs motivations propres, leurs attentes et leurs envies. Tout un chacun peut facilement se retrouver dans chaque personnage tellement ils nous semblent familier.

Deuxièmement, la pertinence du casting n’est pas étrangère à la qualité de la série. Bien que relativement peu connus, tous les acteurs sont excellents et en phase avec leurs personnages. Citons en particulier, la mère Ruth jouée par Frances Conroy (graduée d’arts dramatiques de la prestigieuse école Julliard Conroy et ayant connu une brillante carrière à Broadway), Peter Krause qui joue Nate, mais aussi Lauren Ambrose (alias Claire) chanteuse d’opéra de formation.

Il n’est pas étonnant d’apprendre que la série a été récompensée en 2003 pour la qualité de son casting aux Emmy Awards. Au passage, soulignons que la série reçoit fréquemment des guest stars prestigieuses. Comme par exemple, Katy Bates, pour ne citer qu’elle, qui y fait un passage remarqué. Elle réalisera d’ailleurs quelques épisodes de la saison 3.

Troisièmement, l’humour noir est un véritable plus dans la série. Là encore, les scénaristes ont évité de nombreux écueils (ils utilisent rarement un même procédé pour faire rire). Un coup le rire jaillit des situations, un autre coup c’est un bon mot qui nous fait sourire. « Six Pieds Sous Terre » fait également appel à des séquences « hallucinées » que rêvent ou imaginent les héros (comme Ally McBeal) mais ont le bon goût de ne pas en abuser. Par exemple, on peut voir David, le bon fils, au lit avec son amant secret qui soudain sent une présence, se retourne et voit son père, Nathaniel, assis, qui les observe tranquillement. Continuez, leur dit-il, je voulais savoir comment vous faisiez.

Pour les accros de la série, sachez qu’à l’origine, les publicités diffusées pendant l’épisode pilote proposaient des articles de pompes funèbres (comme le corbillard ou la cire qui rend le mort plus beau). Malheureusement, ce trait d’humour n’a pas été du goût de tout le monde et cette idée a été abandonnée rapidement.

Quatrièmement, bien qu’en apparence anodine, la mise en scène de la série se veut soignée et stylisée, soulignée par une photographie impeccable.

Enfin, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, la mort n’est pas le sujet principal de la série. C’est au contraire la vie qui en est le thème. La vie qui se déroule, les gens que l’on rencontre, les événements auxquels nous sommes confrontés… tout ce que nous faisons pendant ce laps de temps qui nous est imparti. Voilà de quoi parle cette série.

En quelques mots...

Nathanaël Picas
Alexandre Marlier
Sarah Sepulchre
Sophie Sourdiaucourt
Tilman Villette

Six Feet Under

La brillante saga d'une famille de croque-morts, méritant largement son statut culte. Belle, sombre et pleine de vie. Un régal pour les amateurs d'humour noir.

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Crédits Photos:
Actual Size FilmsActual Size ProductionsHome Box Office (HBO)The Greenblatt Janollari Studio

Nathanaël Picas

Nathanaël Picas a suivi des études de journalisme à l’Université Catholique de Louvain. Sa formation terminée, il a travaillé en tant que journaliste free lance pour la presse écrite et télévisée. Il a également été animateur sur Musiq’3. C’est à cette époque qu’il a rejoint l’équipe d’AFDS. En 2005, il devient attaché de presse dans une agence de communication.

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