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Who's Who

Tom Fontana

Tom Fontana est un ami de Dick Wolf. Ils s’échangent souvent les numéros de téléphone de leurs acteurs… C’est pourquoi on retrouve les mêmes visages dans leurs séries respectives. J. K. Simmons a travaillé sur La Loi De Los Angeles et Oz. Christopher Meloni et Dean Winters sont apparus dans Oz et New York Unité Spéciale. Kathryn Erbe a également signé chez les deux créateurs.

Le plus impressionnant reste Richard Belzer qui incarne John Munch dans Homicide, Life On The Street puis New York: Unité Spéciale. Le seul exemple que je connaisse d’un transfert de personnage entre deux séries. On vient déjà de citer l’une des plus grandes séries américaine de ces dernières années, il y en aura d’autres dans cette chronique!

Son premier contrat télévisé, Tom Fontana le décroche chez Bruce Paltrow, le producteur de St Elsewhere, chronique d’un hôpital en milieu défavorisé. La série est généralement reconnue comme un précurseur d’Urgences. Dès le départ, il commence avec une œuvre reconnue comme pionnière. La suite de sa carrière sera du même niveau. Il a contribué à l’écriture de plusieurs séries comme Tattinger’s, Homes Fires et The Beat.

Tom Fontana, le nom de va pas sans celui de Barry Levinson, producteur et cinéaste. Il a réalisé Sleepers, Good Morning Vietnam, Harcèlement, Bugsy, Sphere et Des Hommes D’Influence. Il a reçu l’Oscar du meilleur réalisateur pour Rain Man en 1988. Il a produit Quiz Show et Donnie Brasco.

En 1993, Baltimore Pictures acquiert les droits du reportage de David Simon consacré à la vie quotidienne de la brigade criminelle de Baltimore: « Homicide: A Year On The Killing Streets ». Il entreprend de l’adapter en série télé et se fait aider par Tom Fontana.

Homicide se démarque du reste de la production télévisuelle. Le propos est plus dur, les personnages plus noirs, l’humour plus cynique. Difficile parfois de s’attacher à ces flics meurtris, souvent impuissants, très réalistes. Difficile parfois d’accepter comme nôtre ce monde où les rues sont des viviers de délinquants, les maisons des repères de criminels passionnels, ces lycées où sans le faire exprès des gamins tuent leurs voisins de classe.

La technique est également différente. Plongée dans une lumière plus terne que les autres séries, tournée à l’épaule, les créateurs y insèrent volontairement des plans décadrés, bougés ou des faux-raccords, les acteurs ne sont pas maquillés, les décors sont naturels.

Prison Riot (Révolte En Prison) est un épisode de la cinquième saison d’Homicide. L’enquête criminelle se déroule dans le pénitencier de Baltimore. Les policiers y retrouvent les criminels qu’ils ont arrêtés au cour des années précédentes. D’où la remarque de l’un d’eux, dans ce temps d’émeute, « Une fois qu’on les a mis en taule, ces assassins, qu’est-ce qu’ils deviennent? ». Tout ceci préfigure de Oz, la série qui se déroule en milieu carcéral. D’autant que Dean Winters et Charles S. Dutton y jouent et qu’ils reprendront des rôles réguliers dans Oz.

Oz fait mal. Oz est violente physiquement et verbalement. Oz est à nouveau pionnière sur un plan esthétique. Oz fait parler d’elle. Déjà la série parle de la prison et des détenus. Autant les criminels sont légions dans les policiers, dans certains films de Tarantino ou Luc Besson, autant, une fois arrêtés, la société dans laquelle nous vivons préfère les oublier. « Ce sont des gens comme nous, ils rencontrent les mêmes problèmes: le vieillissement, la maladie, la sexualité, le racisme, la violence ». Sauf que tout y est exacerbé et qu’il faut parfois un cœur bien accroché pour regarder Oz. Le montage est rapide, les mouvements de caméras sont efficaces, la mise en scène chorégraphique fait mouche.

Dans une interview menée par HBO, Tom Fontana déclare que selon lui, les gens veulent voir des méchants… et que dans Oz, il n’y a que des méchants.

Dans le même entretien, Barry Levinson décortique lui-même comment une série comme Oz peut plaire. « Je pense que c’est une combinaison de bonnes histoires et de personnages intéressants. Et lorsque tout se mélange bien, cela donne un groupe bien plus vaste que ce que vous imaginiez au départ. Les gens disent qu’ils ne savent pas comment s’identifier aux personnages. Mais on n’a pas besoin d’être proche de tout le monde. Je pense que les scripts sont suffisamment captivants. Et cela vous entraîne à l’intérieur. Je pense que vous n’en êtes jamais complètement conscient. Et c’est toujours la surprise de la série. Mais cela vient de très bonnes histoires et de personnages qui se complètent ».

Fontana est reconnu pour sa rigueur, son esprit provocateur, son attachement à la réalité et son caractère impitoyable. Signe caractéristique: il n’hésite pas à tuer ses personnages principaux. Pembleton, dans Homicide, s’écroule au dernier épisode de la quatrième saison. Une tumeur au cerveau vient de le plonger dans un coma profond. Il s’en remettra, mais terriblement diminué. Le téléspectateur assistera à la difficile convalescence d’un homme au caractère tellement entier qu’il ne supporte pas d’être ainsi handicapé.

C’est pire encore dans Oz. C’est une prison, on y meurt beaucoup. Une quinzaine de personnages réguliers y apparaissent depuis les débuts de la séries, une quinzaine d’autres y ont séjourné pendant plusieurs épisodes, sans compter les figures secondaires!

Bref, après Steven Bochco, Tom Fontana est probablement l’américain que j’aimerais le plus rencontrer!

Who’s Who

Tom Fontana

Le Podcast

Intervenant: Sarah Sepulchre.

Durée: 04’27 min.

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Bibliographie

  • Génération Séries, n°28, avril-mai-juin 99. [Entretien première partie]
  • Génération Séries, n°32, avril-mai-juin 2000. [Entretien deuxième partie]

Crédits Photos:
Rysher EntertainmentThe Levinson / Fontana Company

Sarah Sepulchre

Sarah Sepulchre est professeure à l’Université de Louvain (UCL, Belgique). Ses recherches portent sur les médias, les fictions, les cultures populaires, les gender studies et particulièrement sur les représentations, les liens entre réalité et fiction. Sa thèse de doctorat était centrée sur les personnages de séries télévisées.
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