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Who's Who

Agnès Soral

Souvent, les acteurs de télévision français ne sont pas connus à leur juste valeur. C’est le cas d’Agnès Soral, dont le visage est probablement familier à beaucoup de téléspectateurs sans qu’on puisse clairement préciser où on a bien pu la voir.

Quand on n’a aucune culture cinéma, mais juste une culture télé, Agnès Soral représente avant tout Isabelle Dumont, l’un des personnages principaux de Blague A Part, série de 1998. C’est loin d’être péjoratif. A la fin des années ’90, alors que plus rien de notoire n’avait vu le jour après Maguy, quelques sitcoms font leur apparition. Probablement suite au renouveau du genre apporté par Friends et parce que Ab Fab a démontré qu’il était possible de produire des cultes avec un budget raisonnable, Canal + se met à la production d’oeuvres maison. Au milieu des H, Eva Mag et Mes Pires Potes, Blague A Part ne démérite pas.

Isabelle Dumont est psychologue ou psychanaliste, ça dépend des épisodes. Elle est mariée à Nicolas, un comique un peu raté. La sitcom reprend un schéma identique à celui de Will & Grace, d’ailleurs créée la même année, ou de Dharma & Greg: on suit le quotidien d’un couple et de quelques personnages récurrents qui gravitent autour. Dans Blague A Part, on a Carole la meilleure amie d’Isabelle que Nicolas ne supporte pas. Elle collectionne les aventures, mais souffre d’une intelligence un peu limitée. Robert est l’ami d’enfance de Nicolas. Une Carole au masculin puisqu’il est un obsédé sexuel un tantinet naïf. Ils finiront d’ailleurs par se marier. Reste Mike, le producteur de Nicolas, roublard et macho. Sans être la comédie du siècle, Blague A Part était malgré tout rigolote et devait son succès, notamment, sur les confrontations du couple principal.

Ca, c’est pour les fans de séries. Mais quand on n’a aucune culture télé, mais juste une culture cinéma, Agnès Soral est la punkette Lola de Tchao Pantin. Avouez qu’épingler ce film à sa filmographie et avoir été la partenaire de Coluche et Richard Anconina est loin d’être minable. Grâce à ce film, Agnès a d’ailleurs été nommée aux Césars 1984, dans la catégorie meilleur second rôle féminin.

Malgré son relatif jeune âge, elle n’en était pas à son coup d’essai. C’est Claude Berri qui lui a offert son premier rôle au cinéma dans Un Moment D’Egarement en 1977. Il faut dire qu’elle a embrassé la profession assez tôt. Sur son site officiel, elle stipule qu’elle s’est inscrite au conservatoire de Grenoble à 13 ans en mentant sur son âge. Elle serait arrivée à Paris à seulement 15 ans pour y vivre de petits boulots. Dans une interview accordée à Ecran Noir, elle raconte que c’est par hasard, en accompagnant une amie dans une agence de mannequin, qu’elle a décroché son premier boulot pour la télévision. « C’était au-dessus de mes rêves! C’est ça qui est bien, j’ai toujours essayé d’avoir des rêves à mon échelle, pour pouvoir, déjà, les atteindre et, ensuite, les raffiner ». Le film de Berri était son deuxième emploi.

Ce qui est nul par contre, c’est que jusque là je n’ai parlé que de films qui datent des années ’70 et ’80. Malheureusement, Agnès Soral semble maintenant cantonnée à des petits rôles (comme dans Hommes, Femmes: Mode D’Emploi), dans des productions moins ambitieuses ou à des apparitions ponctuelles. Elle participe ainsi à des épisodes de Maigret (1993-1994), Joséphine, Ange Gardien (2001), Louis La Brocante (2003) ou Femmes De Loi (2004). Rien de bien mirifique. Et ce n’est pas son apparition dans Les Brigades Du Tigre, Le Film, qui risque d’améliorer le constat. Il ne faut pas oublier qu’elle est également présente au théâtre, mais c’est évidemment moins médiatique. Agnès Soral est, comme je vous le disais, le reflet de la profession en France où on a l’impression que beaucoup de comédiens ne reçoivent pas les rôles qu’ils méritent. Franchement, qu’est-ce qui justifie que Mimie Mathy et Véronique Genest aient leur séries attitrées plutôt qu’Agnès?

Dans l’interview pour Ecran Noir, elle déclarait aussi qu’« il y a des actrices qu’on choisit pour leur jeunesse et qu’on jette aux premières rides, moi j’ai la sensation que je vieillirai au cinéma ». Son profil n’est effectivement pas celui d’une starlette. Vieillir au cinéma, c’est tout le mal qu’on lui souhaite. Ne reste plus qu’à trouver le rôle télévisuel ou cinématographique qui la relancera.

Sarah Sepulchre

Sarah Sepulchre est professeure à l’Université de Louvain (UCL, Belgique). Ses recherches portent sur les médias, les fictions, les cultures populaires, les gender studies et particulièrement sur les représentations, les liens entre réalité et fiction. Sa thèse de doctorat était centrée sur les personnages de séries télévisées.

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