Jannah Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.
Dossiers Séries

Fat Actress

Qui se souvient de nos jours que Kirstie Alley fut une star dans les années ’80 et au début des années ’90? Peu de monde, excepté les fans de Allo, Maman Ici Bébé (dont j’ai fait partie) et ses 2 suites, ainsi que les fans de Cheers.

Après une absence de quelques années, Kirstie faisait pourtant son come-back en 1997 avec la série: Les Dessous De Véronica. Cette sitcom était alors diffusée sur NBC juste avant la très populaire Friends. A noter que Les Dessous De Véronica était attendue au tournant puisqu’elle était la nouvelle série produite par le trio gagnant: Bright, Kauffman et Crane.

Les Dessous De Véronica enregistrait chaque semaine un excellent taux d’audimat, à tel point qu’on pouvait la qualifier de série à succès. Seulement, une question se posait… Etait-elle regardée parce qu’elle était bonne ou parce qu’elle servait de « salle d’attente » au public de Friends?

L’énigme fut malheureusement résolue 2 ans plus tard lorsque NBC décida de changer la série de case horaire… Résultat, Les Dessous De Véronica connut une chute vertigineuse de 75 % de ses taux d’audience. La série ne réussit pas à survivre à un tel revers et fut annulée à l’issue de sa 3ème saison. Un tel constat est d’autant plus dommage que la sitcom, bien que « classique », était suffisamment drôle pour attirer le regard et ne méritait pas une telle fin.

En parlant de fin, Kirstie Alley dut en connaître une grande durant la 3e saison… En effet, l’actrice scientologue présentait une ligne des plus correctes au début de la série… Mais dès l’entame de la 3e saison, ses longues robes et ses longues vestes tombantes ne trompaient plus personne: Kirstie prenait du poids! Pire, elle ne semblait pas en mesure de stopper l’hémorragie. Les mauvaises langues iront jusqu’à dire que ce changement de silhouette est la véritable raison de l’arrêt de la série… Je ne me prononcerai pas sur ce point.

Néanmoins, suite à l’annulation de la série, Kirstie a continué à enfler à tel point qu’elle fit régulièrement les choux gras des tabloïds américains se moquant de son tour de taille. Notons que, malheureusement pour elle, ses déboires avec la balance étaient la seule façon de faire encore parler d’elle… Qui a dit cercle vicieux?

Las, après quelques années de quasi-anonymat, l’actrice décida de faire à nouveau parler d’elle. Avait-elle minci? Effectuerait-elle un nouveau comeback dans une série en affichant une toute nouvelle silhouette? Le suspens fut très rapidement éventé. Et pour cause, le titre de sa nouvelle série phare donnait tout de suite le ton: Fat Actress… En français, « actrice obèse ». Ca a le mérite d’être clair.

Fat Actress: l’histoire

Le sujet de la série, produite par l’actrice elle-même, est lui aussi très clair: il raconte les déboires d’une actrice, Kirstie Alley en personne, qui a connu la gloire mais, suite à ses problèmes de poids, n’arrive plus à décrocher un seul contrat. Kirstie se voit seule et abandonnée de tous… Et n’arrive décidément pas à supprimer ses nombreux kilos superflus.

Entourée de 2 assistants, elle tente par tous les moyens de mincir et de trouver un nouveau job: les deux choses étant inextricablement liées dans le monde impitoyable de la télé! Bref, bien qu’annoncée comme étant moitié réalité moitié fiction, la série parle de Kirstie tout simplement. Elle est entièrement basée sur la personnalité de l’actrice, ses défauts et travers étant exagérés pour les besoins de la comédie.

Dès les premières images, le ton est donné. Sur un fond de musique classique, la série débute sur une Kirstie Alley en larmes, rampant au sol vers son téléphone qui sonne. De l’autre côté du fil, son manager lui conseille de suivre un nouveau régime. Kirstie sanglote un « tu veux me tuer ou quoi? ». Cette séquence est à la fois triste et drôle.

Notons que la série est résumée dans cette première minute. L’actrice montre au public qu’elle va jouer franc jeu avec Fat Actress. La série sera le miroir de son échec et, surtout, n’épargnera rien ni personne… à commencer par elle. En effet, première qualité de la série mais aussi signe de la bonne volonté de l’actrice, Kirstie commence par faire sa propre autocritique: elle est obèse… et elle sait pertinemment bien qu’il s’agit de l’obstacle majeur à son retour au premier plan. Ses tentatives pour renouer avec le succès sont une série d’échecs cuisants. Mais plutôt que s’attaquer à son problème physique, Kirstie préfère tenter le coup et se faire accepter avec son poids.

Dès le premier épisode, Kirstie se rend dans les locaux de la NBC pour rencontrer le patron afin de discuter de l’éventualité d’une nouvelle série dont elle serait la star. La démarche n’aboutira pas, mais la scène où elle arpente fièrement les couloirs de son ancien lieu de travail vaut le détour: tous les employés de la NBC la regardent arriver en écarquillant les yeux et en y allant de son commentaire.

Cette scène montre à la fois que l’actrice à de l’humour sur elle-même tout en légitimant la série: « Oui, je sais que je suis grosse mais désormais ça ne va pas m’empêcher de travailler »… Enfin, elle l’espère. Malheureusement pour elle, les producteurs de la NBC la rejetteront. Mais ils lui donneront tout de même un gros chèque puisque l’un d’entre eux couchera avec Kirstie. Ils achèteront le silence de l’actrice puisque le producteur en question a une pratique sexuelle particulière: les fessées…

Mais Kirstie n’en restera pas là. Durant les 7 épisodes que compte cette mini-série, elle accumulera les tentatives pour renouer avec la gloire. Elle sera par exemple contactée par le réalisateur McG, celui-là même qui signa l’adaptation cinématographique des Drôles De Dames. En effet, celui-ci cherche à faire un 3ème épisode de la franchise, mais avec un tout nouveau casting: il veut que les Drôles De Dames soient vraiment de drôles de dames. Il souhaite donc embaucher Kirstie parce qu’elle est grosse… et quand on sait que la seconde Drôle De Dame sera une naine, et la troisième une canadienne (!), on comprend le niveau visé par ce nouveau film. Kirstie faillit malgré tout rater cette opportunité puisqu’elle doit quitter la table du restaurant régulièrement pour cause de diarrhée. Elle vient de prendre une boîte entière de laxatifs pour maigrir… Ca vole très très haut!

Autre tentative, Kirstie essayera tant bien que mal de copiner avec les stars du moment. C’est ainsi que pendant tout un épisode elle tentera de faire son jogging en même temps que Gwen Stefani. Malheureusement pour elle, elle finira perdue dans un coin de drague homo, au moment même où sera effectuée une descente de police. Pas de chance! D’autant qu’elle se retrouvera enfermée dans la cellule du commissariat avec un ex à elle qui se révèle homo.

Parmi ces nombreux essais, citons également en vrac: un flirt avec un milliardaire des plus étranges, une action caritative avec des nains qui échoue, un renouvellement de sa cuisine par Oprah Winfrey… et j’en passe.

Les autres personnages

Aux côtés de Kirstie, gravitent deux assistants: Eddie Falcone, un acteur raté persuadé d’être le coup du siècle, et Kevyn Scheket, sa coiffeuse-maquilleuse qui lui est entièrement dévouée. On est tenté de croire au départ qu’ils sont deux parasites gravitant autour de la star dans le but d’être remarqués. Mais au fil des épisodes, on se rend compte qu’ils apprécient vraiment Kirstie, à tel point qu’ils sont prêts à tout pour l’aider.

Des deux rôles, celui de Kevyn est nettement le plus intéressant et le plus drôle. L’actrice qui l’incarne, Rachael Harris, est vraiment drôle. Elle reste toujours d’un stoïcisme hallucinant face aux situations les plus bizarres, voire les plus graveleuses. La voir répéter inlassablement « ok, ok » face à des personnages qui s’emballent devant elle vaut le détour. Son alter ego masculin, Eddie, est par contre beaucoup plus caricatural. A vrai dire, il n’apporte rien de nouveau.

Guest stars dans Fat Actress

Si l’utilisation des guest stars fait souvent l’événement dans une série, alors Fat Actress a créé l’événement. La série compte une pléiade de guest stars… souvent des amis de Kirstie Alley! John Travolta fait son apparition dès le premier épisode.

A y regarder de plus près, sa carrière suit la même tendance que celle de sa compagne dans Allo, Maman Ici Bébé. En effet, après voir connu la gloire dans les années ’80, John Travolta connut une longue traversée du désert avant de refaire surface dans les années ’90 grâce aux films de John Woo. Le héros de Saturday Night Fever n’a cependant pas dû annuler beaucoup de contrats pour pouvoir apparaître dans la série de son amie puisque son actualité est, elle aussi, proche du zéro absolu en ce moment.

Autres guest stars: Carmen Electra, Kid Rock (ex de Pamela Anderson) ou encore Mayim Bialik. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais elle était connue auparavant sous le nom de « Petite Fleur » (Blossom) dans la série du même nom. L’actrice a elle aussi connu la gloire mais également des problèmes de poids.

Que penser de Fat Actress?

Mon impression est plutôt mitigée. Il faut bien l’avouer, la série tient sur peu de choses, à savoir la personnalité de Kirstie Alley. Non pas qu’elle ne soit pas intéressante, que du contraire. Elle est drôle et attachante… Mais pour tenir la longueur sur toute une saison, il faut actuellement bien plus qu’un seul personnage-actrice sympathique. Le téléspectateur est devenu exigeant.

Les scénarios laissent aussi interrogateurs: parfois franchement drôles, parfois extrêmement lourds. La scène scato quand Kirstie avale une boîte de laxatifs n’est pas de la première fraîcheur. Tout comme la rencontre avec son ex petit ami qui est devenu homo… Dans le genre, on a fait beaucoup mieux.

En même temps, les scénarios étaient à moitié improvisés. En effet, les grandes lignes étaient écrites au départ mais ensuite les acteurs tournaient en roue libre. D’un côté, cela donne un aspect très spontané et drôle, mais de l’autre cela augmente la dimension parfois confuse de certains dialogues. Par moment, Fat Actress me rappelle Arrested Development. Mais en moins bien, en fauché…

Je terminerai par ce qui me gêne le plus dans la série. Je me pose en effet beaucoup de questions quant à sa légitimité… Je n’arrive pas à me faire une opinion. Kirstie Alley a-t-elle vraiment beaucoup d’humour sur elle-même ou est-elle désespérée à un tel point qu’elle accepte de tourner une série sur ce qui ressemble à une misérable vie? Mon avis est mitigé car j’ai ressenti beaucoup de peine envers cette actrice… Je me suis senti voyeur. Mais peut-être est-ce mon côté fleur bleue qui ressort? Ce sentiment m’a empêché d’apprécier le cynisme et l’humour sans complaisance de Fat Actress.

Quoiqu’il en soit, les acteurs semblent s’être bien amusés à tourner la série. En témoignent ces génériques de fin pendant lesquels les personnages principaux de l’épisode dansent ensemble devant la caméra.

En quelques mots...

Nathanaël Picas
Alexandre Marlier
Sarah Sepulchre

Fat Actress

Kirstie Alley évoque ses problèmes de poids devant et derrière la caméra. Et nous met mal à l'aise. Des éclats de rires gênés par l'impression d'assister à une psychothérapie télévisuelle.

User Rating: Be the first one !
Crédits Photos:
Production PartnersShowtime Networks Inc.

Nathanaël Picas

Nathanaël Picas a suivi des études de journalisme à l’Université Catholique de Louvain. Sa formation terminée, il a travaillé en tant que journaliste free lance pour la presse écrite et télévisée. Il a également été animateur sur Musiq’3. C’est à cette époque qu’il a rejoint l’équipe d’AFDS. En 2005, il devient attaché de presse dans une agence de communication.

Du même auteur:

Découvrez également
Fermer
Bouton retour en haut de la page