Série Series Saison 4: Jour 1
Jour 1 de cette saison 4 de notre désormais rendez-vous annuel des rencontres professionnelles européennes Série Series de Fontainebleau. En 4 ans, le festival Série Series a bien grandi et s’ouvre chaque année un peu plus à de nouveaux marchés européens: cette année, des productions tchèque et suisse notamment sont ainsi présentées durant les 3 jours que dure l’événement. De quoi élargir ses horizons télévisuels.
Cette première journée a débuté avec la projection d’un épisode de la série de Canal + « Le Bureau Des Légendes », suivie d’une masterclass avec Eric Rochant, le scénariste et l’un des réalisateurs. Matthieu Kassovitz y incarne Guillaume Debailly, alias Malotru, un agent infiltré en Syrie de la DGSE (la Direction Générale de la Sécurité Extérieure). De retour d’une mission clandestine de six ans, il ne veut pas abandonner l’identité sous laquelle il vivait à Damas… Lors de la rencontre, Eric Rochant a expliqué sa manière de travailler sur cette série et sur d’autres (il a notamment été showrunner sur les saisons 2 et 3 de Mafiosa). Et surtout comment il a appliqué sur le modèle français les éléments appris lors d’ateliers d’écritures aux Etats Unis.
La journée s’est poursuivie avec la projection de l’épisode 12 de Bloodline, l’une des dernières nées de Netflix. L’occasion de (re)découvrir cette drama autour d’une famille dysfonctionnelle où le retour à la maison de la brebis galeuse fait resurgir de nombreuses tensions. Une présentation suivie d’une masterclass avec Todd A. Kessler (The Soprano’s, Providence, Damages), le showrunner de la série. La rencontre, très attendue a été très suivie (la salle du théâtre de Fontainebleau était comble, malgré une chaleur éprouvante). Todd A. Kessler est notamment revenu sur son travail avec Glenn Close dans Damages, et sur sa manière de travailler pour Bloodline, assez différente de ses créations précédentes puisqu’il s’agit ici d’une production Netflix… Et de ce fait, le scénario de la série a été construit comme un long film plutôt qu’une fiction à épisodes.
L’après-midi de ce jour 1 de Série Series 4 s’est poursuivi avec la première session de « Ca Tourne », l’occasion de découvrir des montages inédits de séries à venir prochainement. C’est ainsi que nous avons pu voir The Last Panthers, une co-production britannico-française entre Sky et Canal +. Suite au casse d’une bijouterie à Marseille, un gang venant des balkans est remis en lumière. La série nous dévoile l’enquête d’un policier franco-algérien (Tahar Rahim) et d’une experte au service d’une compagnie d’assurance britannique (Samantha Morton) qui va les mener de Londres à Marseille en passant par la Serbie. Une série qui sera diffusée à l’automne 2015.
Une série très cinématographique qui fait beaucoup penser, au niveau des images, à Utopia, d’ailleurs découverte lors de la saison 2 de Série Series, même si on est ici dans quelque chose de beaucoup plus sombre, où l’humour noir n’a absolument pas sa place. Suite à la présentation de l’équipe, on a notamment appris qu’il devenait de plus en plus compliqué d’attirer des grands acteurs de cinéma sur une production télévisuelle, non pas, comme ce fut le cas à une époque, parce qu’ils ne souhaitent pas se « fourvoyer » au petit écran, mais parce que désormais la qualité des séries est telle qu’il y a une vraie compétition entre les différentes productions.
Seconde série présentée à « Ca Tourne »: Anomalia. C’est probablement la première fois que j’entends personnellement parler d’une production sérielle en Suisse Romande. On se retrouve ici dans un hôpital à l’ambiance angoissante. Une jeune médecin, nouvelle recrue de l’établissement, a des visions étranges depuis son arrivée. Il semblerait que des choses étranges se trament dans le centre de soins.
Une ambiance à la Riget/The Kingdom de Lars Von Trier totalement assumée par sa scénariste, qui s’est déclarée très fan de la série danoise. Une série qui a mis du temps à émerger puisqu’il a fallu 2 ans et demi entre l’idée de départ et la mise en production. Un script doctor américain est d’ailleurs passé par là pour retravailler le tout. Une série effrayante, mais pas trop malgré tout car elle est destinée à une diffusion en prime-time en février 2016 sur RTS.
La Norvège était aussi à l’honneur avec la diffusion d’un extrait de Nobel, qui revient sur la vie d’un soldat norvégien des forces spéciales, de retour après une mission difficile en Afghanistan. S’il souhaite laisser derrière lui cette période de sa vie, celle-ci semble ne pas vouloir le lâcher. Il se retrouve alors embarqué dans une histoire politique qui le dépasse. Un scénario qui colle beaucoup à la mentalité norvégienne, on est loin ici d’un Homeland, auquel le pitch de la série fait pourtant forcément penser.
Enfin, une production tchèque était également de la partie, avec Labyrinth. Rien a voir avec le film de Jim Henson, puisqu’on est ici devant une série policière racontant l’enquête autour d’une série de meurtres inspirés des tortures moyenâgeuses et le célèbre tableau de Bosch: « Le Jugement Dernier ». Si le traitement semble assez classique, l’idée de base est intrigante et donne envie d’en voir plus.
Ce jour 1 de la saison 4 de Série Series s’est achevé avec la soirée d’ouverture du Festival. Celle-ci était marqué par un hommage à Patrick Macnee, décédé récemment. Un chapeau melon et un parapluie noir étaient présents sur scène durant toute la soirée. Et l’événement était bien entendu la diffusion du pilote de Humans, l’adaptation britannique de la suédoise Äkta Människor (Real Humans). L’originale est bien connue à Fontainebleau puisque le pilote de la saison 1 y avait été projeté en exclusivité, tout comme des extraits inédits de la saison 2. Autant dire que la production britannique était attendue au tournant…
Et il faut bien le dire, pour ceux qui ont vu et apprécié Äkta Människor, Humans est une petite déception. Si l’histoire reste très fidèle à la version originale, excepté quelques petits détails, les images paraissent plus chaudes, ce qui donne un côté moins aseptisé au monde dépeint. Tout y semble plus technologique aussi… Et il semble qu’il faille tout y expliciter, là où Äkta Människor laissait beaucoup de place à l’imagination et à l’interprétation personnelle. Bref, à suivre pour voir si le remake arrivera à se détacher de sa source d’inspiration…