AES: 1.04 The Slap, Uppercut Visuel
Alors auditeur? Je t’ai manqué? Pas besoin de répondre, je vois bien que ton âme torturée par le manque de séries te ronge de l’intérieur. Laisse moi l’apaiser en te parlant d’un petit bijou que j’ai découvert. Tu en as peut-être déjà entendu parler, il s’agit de The Slap. En français, La Gifle et ça tombe bien car ça claque plutôt pas mal, sans jeux de mots.
Tu ne le sais sans doute pas, mais cette excellente série produite par une team de 7 personnes est adaptée d’un best-seller de Christos Tsiolkas. Diffusée il y a 3 ans sur la chaine ABC1, elle a ensuite été retransmise sur ARTE en 2013. Plébiscitée par la critique et récompensée dans de nombreuses catégories, The Slap a su transporter le public et moi-même dans un univers en crise plutôt bien dépeint.
Tout commence lors d’un barbecue organisé pour l’anniversaire d’Hector, le personnage sur lequel est centré le premier épisode. Les esprits s’échauffent et un des invités présents gifle un enfant. Et c’est à partir de là que tout dégringole!
Si beaucoup de critiques mettent en avant les répercussions de la claque sur les personnages, notamment dans la construction du récit, je nuancerai plutôt en disant qu’elle n’est pas forcément liée à tous les protagonistes. Cette gifle, c’est l’élément perturbateur, l’électrochoc qui va affecter la vie des ces hommes et ces femmes. Ils vont tous se remettre en cause. Ce qui soulève pas mal de questions intéressantes, au-delà de la simple continuité de l’histoire qui est comment va réagir X et que va dire Y.
C’est l’occasion pour les personnages de passer en revue leur pensées, jugements, croyances sur l’éducation des enfants, la vision qu’ils ont de leur famille, la crise de la quarantaine, la peur de vieillir,… Bref, tout ce condensé forme un kaléidoscope de thèmes autour de la claque et finalement prend beaucoup plus d’ampleur que le pitch de base de la série.
Mais, la première chose qui saute aux yeux, c’est l’audace de la mise en scène. On est tout d’abord surpris par certaines caméras déroutantes. Ensuite, surviennent les flous artistiques, les arrière-plans riches en détails, les sous-entendus, le non-dit et tout ce cocktail nous emporte dans un autre univers. C’est très bien exécuté, très sensoriel.
Ce qui me plait particulièrement aussi, c’est la focalisation un personnage/un épisode. On vit chaque moment, on ressent ce qu’ils traversent et on en vient à se poser des questions plus profondes que celle qui saute la première aux yeux: est-ce que le personnage X avait raison de gifler cet enfant? Oui, auditeur, je ne te spoilerai pas et tu n’obtiendras rien de moi jusqu’au bout! Il faudra regarder les 8 épisodes de la série pour en savoir plus!
Evidemment, comme si cela ne suffisait pas, l’acting est très très bon. Notamment avec Alex Dimitriades, à savoir Nick dans Hartley Coeurs A Vif… qui ne me lâchera donc jamais. Et qui se révèle une excellente surprise! Récompensé par un award du meilleur acteur pour son rôle dans la série, je dois dire que j’ai été étonnement surpris par son talent!
Un autre poids lourd, c’est également Mélissa George, actrice australienne, connue pour ses petits rôles dans différentes séries: Friends, Grey’s Anatomy, Monk, Charmed, Alias et j’en passe, elle obtient par la suite des personnages principaux dans des films d’horreur dont le remake d’Amityville, Turistas ou encore Triangle pour lequel elle a obtenu la récompense de la meilleure actrice au festival Fangoria. Et avec un logie award pour son rôle dans La Gifle, elle n’en finit plus de monter! J’en oublierais presque les autres acteurs qui ont tous un charisme exceptionnel. Bref, j’ai été conquis! Le tout sublimé par une bande-son exceptionnelle!
Et ce qui est particulièrement intéressant avec The Slap, c’est un véritable réservoir de discussions thématiques. L’Australie a d’ailleurs beaucoup polémiqué autour de la question: faut-il gifler un enfant? Des réflexions ont eu lieu dans les écoles, dans les familles, des cartes blanches sont apparues dans les médias, tout le monde s’est senti concerné par cette série.
Qui plus est, The Slap est un excellent témoin de la société australienne, de ses individus et de ses caractéristiques: familles cosmopolites, religions, coutumes, conservatisme et progressisme, sexualité. Le tout forme un tableau riche de sens et surtout apparaît comme très réaliste.
Mais comme à son habitude, qui vient gâcher la fête? Les Etats-Unis! Un remake US de The Slap est prévu. Bouuuh! A croire qu’ils ne supportent pas de regarder une série qui n’est pas la leur. Je ne devrais pas vous dire ça, mais je n’y jetterai pas un oeil car je n’apprécie pas le principe.
Cela étant dit, je te quitte déjà auditeur. Après cette chronique riche en émotions, il est temps pour toi de vaquer à tes occupations: tondre la pelouse, aller faire les courses, voire même chercher à combler l’inintérêt de ton existence.
Je plaisante auditeur, merci de ta fidélité et à la prochaine!
En quelques mots...
Sébastien Porcu
The Slap
Après avoir exploré les méandres du lycée Hartley High, Sébastien s’attaque à The Slap, une série percutante d’un niveau bien supérieur !