MIF: 1.03 Albert II, Le Roi, La Loi, La Liberté!
Salut à toi, Auditeur! Je te préviens, aujourd’hui je vais être particulièrement cruel avec toi. Après t’avoir traumatisé avec Matrioshki, Le Trafic De La Honte, je vais hanter tes nuits avec Albert II. Une série basée sur des faits réels, à tendance vachement romancée, racontant les 20 ans de règne du sixième roi des Belges. Autant le dire tout de suite, on ne fait pas dans la dentelle!
Créée par Franck Van Mechelen, la série a été diffusée sur la chaîne Eén, première chaîne publique en Flandre. Au total, 5 épisodes de 50 minutes qui nous comptent les péripéties d’Albert, Paola, Laurent, Mathilde et toute leur bande de joyeux lurons.
La série revisite les moments importants de la souveraineté à travers diverses affaires: la fille cachée du roi, la cacophonie pour former un gouvernement, les frasques du prince Laurent ou encore l’affaire Dutroux.
Malgré des critiques négatives de la presse et… la mienne qui va arriver dans quelques instants, la série a engrangé 51,1 % de part de marché chez nos amis flamands! Elle a été aussi diffusée sur BeTV en fin 2013 et a la joie de se voir programmer dans la grille RTL TVi à l’automne! Quelle chance, les amis!
Laissez-moi vous conter la merveilleuse histoire de ce petit bijou télévisuel! Nous sommes en Espagne le 31 juillet 1993, le roi Baudouin s’éteint d’un arrêt cardiaque. A des lieues de là, Albert II, frère cadet du roi, raconte des blagues grasses en fumant un cigare et en savourant un whisky. Face à cet événement qui plonge la Belgique dans l’émoi, il n’aura d’autre choix que de régner afin de préserver l’unité du pays.
Ce qui n’a pas été préservé par contre, c’est la ressemblance physique des personnages. Si Lucas Van Den Eynde est plutôt fidèle à Albert II, les autres sont à mourir de rire. Mention spéciale au prince Laurent qui ressemble à Beethoven sous crack et au prince Philippe avec sa jolie motte de beurre sur la tête.
En tout cas, on ne ménage pas ses zygomatiques au cour des épisodes en particulier grâce à des personnages aussi travaillés que ceux de ta sitcom préférée, à savoir Hélène, Lalie, José et CriCri d’amour. Je te le jure auditeur!
Albert II est vu comme un poivrot misogyne, grand blagueur à ses heures perdues, mais qui peu à peu prend de l’ampleur pour assumer son statut de roi des Belges. C’est sans doute le personnage le mieux travaillé de toute la série.
Son épouse Paola est d’une mesquinerie sans nom, allant jusqu’à décider des fréquentations de ses enfants et en refusant de renoncer à son titre de reine. Une véritable bitch royale dans toute sa splendeur.
La veuve de Baudouin, Fabiola est vue comme la gardienne de la monarchie. C’est la sage du Palais Royal avec sa coiffure baroque. Elle déteste sa belle-soeur et espère que Philippe accédera au trône rapidement.
En parlant du loup, ce dernier est véritablement la caricature du simplet. Il est colérique, bête à manger du foin et fait des petits sursauts lorsqu’il est contrarié. Nous sommes dans un remake d’Iznogoud: « Je veux être Calife à la place du Calife ». Ses remarques sont d’une niaiserie affligeante, si bien que (attention dans la série, hein) toute la presse se moque de lui, sans compter le personnel du Palais Royal. Personne ne le trouve assez mûr pour remplacer Albert.
Et la Palme d’Or du plus mauvais acting revient au Prince Laurent. Parfait beauf en quête constante d’une donzelle à forniquer, il agit ni plus ni moins comme un adolescent attardé. La bête noire du Palais est décriée de tous et devient le pestiféré royal.
Bref, toute cette équipe de bras cassés nous entraîne avec elle. Le tout ponctué par des affaires qui ébranlent le Palais. Vous imaginez le fameux Vaudeville!
Mais, la question qui brûle toutes les lèvres: quelle est la part de vérité dans ce cassoulet royal? Si les ingrédients semblent être véridiques, la recette par contre est plutôt louche. Philippe a-t-il vraiment détesté son père parce qu’il n’a pas accédé au trône? Paola fait-t-elle du tir à l’arc en maudissant Fabiola? Laurent mange-t-il des chips dans son bain?
Par contre, on ne peut s’empêcher de penser que tout cela est très romancé. Des réactions exacerbées, des grosses larmes de crocodiles, des coups de gueules à en faire tomber les moumoutes, la tension dramatique est à son comble et pourtant… on ne peut s’empêcher de rire à gorge déployée.
Par contre, la série possède un intérêt certain. C’est la première fois qu’une série sur la monarchie est réalisée en Belgique. Ce côté historique a au moins suscité un regain de curiosité pour cette dernière. Ce qui est clair, c’est qu’elle ne prend pas vraiment de parti. On peut lui reprocher de mettre à mal la monarchie, en particulier lorsque l’on voit les casseroles que traînent chacun de ses membres. Cependant, la série montre aussi que la famille royale est humaine avant tout. Malgré la stature de roi ou encore un titre de princesse, ce sont des êtres humains comme les autres, imparfait comme la série surtout.
Grâce à des scènes d’anthologie rythmées par les violons pompeux du concours Reine Elisabeth, on ne peut qu’être déçu jusqu’au bout. L’unique intérêt d’Albert II est d’en savoir un peu plus sur la monarchie et ses coulisses. Cependant, l’histoire à la sauce « Feux De L’Amour », déjà handicapante, est desservie par des personnages pathétiques, caricaturaux et aussi complexes qu’un code binaire.
Alors le roi, oui ok. La loi, aussi! Et surtout la liberté, de passer son chemin…
En quelques mots...
Sébastien Porcu
Alexandre Marlier
Albert II
Albert II, une série qui raconte les coulisses de la monarchie à travers les affaires qui ont marqué la Belgique. Une bonne grosse farce.