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Les Entretiens d'AFDS

Patrick Loubatière

Le 30 mars 1974, le téléfilm Little House On The Prairie est diffusé sur NBC. Le 11 septembre 1974, il donne lieu à une série régulière: La Petite Maison Dans La Prairie. Ses héros: la famille Ingalls et les habitants du village de Walnut Grove. Charles, Caroline, Mary, Laura, Grace, Albert, les Oleson, le révérend Alden, Almonzo Wilder, Isaïah Edwards, les Garvey… On pourrait encore en citer beaucoup. Ces personnages s’entrecroisent pendant 10 ans pour le plus grand bonheur des téléspectateurs.

La Petite Maison Dans La Prairie, la série, est tirée de l’œuvre de Laura Ingalls-Wilder (7 février 1867-10 février 1957). The Little House In Big Woods sort en 1932 (elle a alors 65 ans) suivront 10 autres volumes. Ses romans pour enfants sont toujours édités aujourd’hui.

Michaël Landon sera le « deuxième auteur » du best-seller. Il n’a évidemment pas tout fait tout seul (il est quand même acteur, producteur exécutif, réalisateur, scénariste, superviseur du scénario et du casting), mais l’esprit de La Petit Maison Dans La Prairie est en grande partie son œuvre. L’équipe dont il a su s’entourer a prolongé la vision qu’il avait de Walnut Grove. L’alchimie perceptible à l’écran était, paraît-il, présente sur le plateau.

Depuis, la série est entrée dans la culture du monde entier (et pas seulement celle des Etats-Unis). Notre passé de téléspectateur passe toujours par elle à un moment ou un autre. On aime ou on déteste… La série ne laisse personne indifférent (on ne peut pas tirer cette conclusion pour tous les programmes télévisés). Cela démontre, une fois de plus, la célébrité de la série!

Patrick Loubatière, en tous cas, la connaît bien. Il est l’auteur de La Petite Maison Dans La Prairie, Walnut Grove, terre promise. Patrick a répondu à notre interview. Alors comment et pourquoi on devient le spécialiste de La Petite Maison Dans La Prairie? Rencontre avec un passionné.

Patrick Loubatière: l’interview

Sarah Sepulchre: Pourquoi La Petite Maison Dans La Prairie? C’est un souvenir d’enfance?

Patrick Loubatière: En effet. J’ai grandi avec « La Petite Maison » depuis l’âge de 5 ans, et j’ai longtemps espéré qu’un livre paraisse sur cette série, comme c’est le cas à propos de tant d’autres. Or, ne voyant toujours rien venir, un jour je me suis dit : « Et si je le faisais moi-même ?…« . Deux minutes plus tard, je téléphonais à un éditeur, et l’aventure était partie. Je trouve que c’est un joli clin d’oeil, à presque trente ans, d’écrire un livre sur les héros de son enfance!

S.Se.: Certains considèrent La Petite Maison Dans La Prairie comme une série niaise. Vous ne semblez pas de leur avis puisque vous avez écrit un livre. Expliquez-nous pourquoi cette série est intéressante…

P.L.: Sans rentrer dans la polémique, je vous répondrai par une anecdote qui m’a été racontée par le rédacteur en chef d’un important magazine télé. Il regardait un soir une émission traitant de thèmes très durs comme l’inceste, et l’une des victimes avait déclaré que le seul moment où il reprenait espoir dans la vie et dans l’être humain, c’est quand il regardait La Petite Maison Dans La Prairie. C’est un cas particulier, bien sûr, mais qui démontre que, derrière l’apparente naïveté des aventures de Laura et Mary, il y a quelque chose de beaucoup plus profond dans cette série, et quelque chose d’universel.

Alors évidemment, il n’y a rien d’étonnant à ce que quelqu’un qui arrive au beau milieu d’un épisode ait envie de sourire. Mais lorsqu’on rentre vraiment dans ce petit monde, on ressent la magie. D’ailleurs, je vous citerai un sondage de Télé Poche d’il y a deux ou trois ans. « La Petite Maison » y arrivait dans le Top 5 des séries préférées des Français, et ce dans toutes les catégories d’âge! 4ème chez les 18-24 ans, 2ème chez les 25-34 ans… et encore 4ème chez les plus de 65 ans. Un tel succès, alors que la série en est à sa énième rediffusion, démontre bien que cette série est à part…

S.Se.: Cette réputation provient du côté « mélodramatique » de la série, mais elle ne peut se réduire à ça…

P.L.: C’est sûr. J’étudie cela dans un chapitre du livre, « Une série à multiples facettes« . C’est difficile à résumer en quelques instants, mais j’y montre que tous les genres, tous les tons et tous les styles se côtoient dans « La Petite Maison »: western et chronique familiale, mélodrame et comédie, sentiments et action, etc…

S.Se.: Comment avez-vous rassemblé toutes ces informations?

P.L.: Le plaisir de chercher… et le plaisir de trouver! Comme il n’existait aucun livre sur le sujet, j’ai dû recueillir des milliers de petites informations ici et là, que j’ai ensuite compilées. Ça pouvait aller des bibliothèques américaines à Internet, en passant par des articles que j’avais collectionnés quand j’étais plus jeune.

Evidemment, c’était beaucoup de travail – le livre compte 224 pages -, mais quand on fait ça avec passion, on ne voit pas le temps passer!

S.Se.: Justement, cela vous a pris combien de temps?

P.L.: L’écriture: entre six mois et un an (tout en faisant mon métier de prof à côté). Par la suite, je me suis aussi amusé à faire la mise en page: c’était passionnant!

Une grande partie du livre a été écrite la nuit, et notamment dans un centre de vacances où je m’installais, sous un arbre et un lampadaire, jusqu’à 5 ou 6 heures du matin. Au début, les vacanciers étaient un peu intrigués, mais on a très vite sympathisé. On échangeait quelques mots quand ils partaient en boîte de nuit… et j’étais encore là à leur retour!

S.Se.: La série a-t-elle des faiblesses selon vous?

P.L.: Oui, bien sûr, mais ce n’est pas dans cette optique que j’ai écrit mon livre. Je l’ai écrit pour me faire plaisir, pour faire plaisir aux fans de la série, et pour faire plaisir aux acteurs (la plupart en ont reçu un exemplaire). M’attarder sur les faiblesses ne m’intéressait pas particulièrement.

S.Se.: Justement, parlons un peu de ce livre… Que peuvent y trouver les fans?

P.L.: 224 pages, 105 photos. Pour résumer, je dirai qu’il y a trois parties: une analyse de la série, un guide des épisodes, et les biographies des acteurs.

La première partie est assez générale: j’y raconte comment la série a vu le jour, j’y analyse les raisons de son succès, etc… Les gens aiment aussi souvent le chapitre « Walnut Grove – Visite Guidée« … Le guide des épisodes comprend pour chacun d’entre eux: casting, date de première diffusion, thème de l’épisode en trois lignes, et anecdotes inédites. Et l’intérêt des biographies/filmographies, c’est que personne n’est oublié. Même les « petits rôles » ont leur place dans le livre.

S.Se.: Avez-vous reçu un retour des acteurs?

P.L.: Oui, et c’est sans doute la plus belle chose que m’ait apportée ce livre! Tous ont été – et sont toujours, puisqu’on reste en contact régulier -, formidables avec moi. Vous pouvez trouver sur mon site quelques-uns des commentaires qu’ils ont fait à propos du livre. Au départ, ils ont été très surpris qu’un ouvrage pareil, qui n’existe pas aux Etats-Unis, ait été publié en France…

S.Se.: Quel est votre personnage favori?

P.L.: Je pense que la force de « La Petite Maison », c’est que – contrairement à ce qu’on pourrait croire au premier abord -, ce n’est pas seulement l’histoire de la famille Ingalls, c’est l’histoire de tout un village, Walnut Grove. Et c’est l’alchimie entre ces différents personnages qui fait que le charme agit.

Alors, évidemment, on craque sur Laura ou Mary Ingalls, mais que serait la série sans les Oleson, le Docteur Baker, le Révérend Alden ou Mr. Edwards…?

S.Se.: En effet! Là, vous citez des personnages qui sont les bases de l’humour de la série. C’est un ressort important de l’œuvre.

P.L.: Tout à fait. Certains disent même que Mme Oleson est la véritable star de la série. Pas faux, dans un sens… Mais vous savez, Michael Landon était un homme qui adorait rire! Sur le tournage, il multipliait les gags et les plaisanteries. Pas étonnant, dans ces conditions, qu’il ait tenu à ce que l’humour soit très présent dans la série aussi.

S.Se.: Pour ceux qui veulent creuser le sujet quel(s) livre(s) conseillez-vous? A part le vôtre évidemment…

P.L.: J’en parle un peu à la fin de mon livre. Comme je le disais précédemment, il n’existe aucun autre ouvrage consacré à la série. En revanche, les biographies de Michael Landon écrites par Harry Flynn et Tom Ito sont passionnantes (langue anglaise uniquement).

S.Se.: Vous intéressez-vous à d’autres séries?

P.L.: Oui, mais pas au point d’y consacrer un livre. Je suis prof de Français, j’enseigne aussi le jeu d’échecs. Ma vie ne tourne pas autour des séries TV (!). Ceci dit, parmi les créations récentes, je trouve que David E. Kelley est un génie. Pour ceux qui ne connaissent pas son nom, c’est à lui qu’on doit notamment « High Secret City », « Ally McBeal » et « The Practice »…

S.Se.: Vous avez des projets?

P.L.: Je suis actuellement en train de travailler sur un livre tournant autour de Michael Landon pour un éditeur américain. Pour cela, j’ai déjà interviewé plus de 100 personnes qui ont travaillé avec lui. Ils lui vouent tous une immense estime, et sont généralement très heureux d’apprendre qu’il est aussi très populaire en Europe…

S.Se.: Pas de réédition, voire d’édition augmentée en cours alors ?

P.L.: Non. En France, l’idée qui m’intéresserait davantage, ce serait de faire venir un acteur ou une actrice [NDR: chose réalisée depuis l’interview puisque Patrick Loubatière est en tournée théâtrale avec Alison Arngrim, l’ex-Nellie Oleson]. A suivre… Ou alors de concocter un « hors série » pour un magazine. On pourrait faire quelque chose d’exceptionnel, avec de nombreuses photos et interviews inédites, et qui, j’en suis certain, attirerait énormément de nostalgiques. Mais quelqu’un osera-t-il tenter ce pari? C’est tellement plus facile de titrer sur « Buffy Contre Les Vampires » ou « Charmed »…

Le site web de Patrick Loubatière avec sa complice Alison Arngrim: https://www.alison-arngrim.com/

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Crédits Photos:
Patrick Loubatière

Sarah Sepulchre

Sarah Sepulchre est professeure à l’Université de Louvain (UCL, Belgique). Ses recherches portent sur les médias, les fictions, les cultures populaires, les gender studies et particulièrement sur les représentations, les liens entre réalité et fiction. Sa thèse de doctorat était centrée sur les personnages de séries télévisées.
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