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Dynastie

Stepfanie Kramer (Rick Hunter) ou Heather Locklear (Melrose Place et Spin City) y ont fait leurs débuts. Ricardo Montalban (L’île Fantastique), Henry Kissinger, Gerald Ford y sont apparus au détour des épisodes. Joan Collins et Linda Evans s’y sont fait un nom. « Dynastie », l’archétype de ces « feuilletons américains débiles », le porte drapeau du soap opera, un des souvenirs télé les plus inoubliables de beaucoup de gens. « Dynastie » (ABC), le feuilleton directement inspiré et directement opposé à « Dallas » (CBS).

Dynastie est aujourd’hui entré dans la légende. Un signe peut-être que le programme n’était pas une simple copie du mythique soap texan. « Dallas » est reconnu comme le premier à avoir transgressé les règles « femme au foyer » du genre savon. Mais « Dynastie » n’a pas manqué d’apporter quelques innovations.

Ces deux feuilletons participent de la même évolution et sont peut-être plus complémentaires qu’on ne pourrait le croire. « Dynastie » et « Dallas » sont les prototypes du soap années ’80. Beaucoup les ont imités. Aujourd’hui, beaucoup s’en inspirent encore, bien que le genre ait évolué ces dernières années. Coup de chapeau (de cow-boy) a un genre imbuvable (c’est moi qui le dit), mais ô combien incontournable.

Dynastie: son univers impitoyable

On ne peut parler de « Dynastie » sans parler de « Dallas ». C’est pour contrer le succès de « Dallas » sur CBS (1981) qu’ABC demande à Aaron Spelling (il est décidément partout, mais surtout dans le soap) d’utiliser la même recette. Il était, à l’époque, le créateur du programme le plus populaire de la chaîne: une certaine « Croisière S’Amuse ». Depuis 1967 et jusqu’à la fin des années ’80, Spelling a travaillé pour ABC, lui offrant des succès tels que The Mod Squad, The Rookies, Starsky & Hutch, Drôles De Dames, La Croisière S’Amuse, L’Île Fantastique, Vega$ ou encore Pour L’Amour Du Risque.

C’est à lui donc que l’on doit cette saga familiale aux frontières de la morale. Enfin, à lui, disons qu’il en est le producteur exécutif. La créatrice du show est une certaine Esther Shapiro. Elle travaille avec son mari Richard sur cette série. Ils ont débuté à ABC en écrivant quelques scripts pour Bonanza, L’Homme De Fer et Love Of Life. Ils sont également ensemble sur Dynastie. Elle est ensuite devenue responsable du département des adaptations de romans et des mini-séries pour ABC.

Oil était un projet personnel auquel elle pensait depuis un petit temps et qu’elle a réussi à imposer à la chaîne. Rebaptisé Dynastie, le soap sera diffusé le mercredi à 22 heures en remplacement de Vega$. Le pilote, d’une durée de 3 heures et diffusé en prime-time, esquisse les aventures tumultueuses de la famille Carrington, originaire de Denver.

La solide campagne de pub qui avait annoncé cette nouvelle série avait insisté là-dessus: tout y était « plus que `Dallas´ ». Blake Carrington serait plus méchant que JR. Les riches y seraient encore plus riches. Le champagne et les fourrures seraient authentiques. La manœuvre était claire: on voulait faire mieux qu’en face avec les mêmes recettes.

Aux niveau des chiffres, le « mieux » n’est cependant pas évident. Au terme de la première saison, Dynastie est 45ème au box office. Logique dans ces conditions qu’on effectue quelques changements pour la seconde saison. Exit les Blaisdel (la famille pauvre à laquelle s’opposent les Carrington). Exit avec eux le côté social du programme: on décide de faire rêver le téléspectateur.

Arrivée par contre, d’Alexis Carrington, l’ex-femme de Blake, une des plus grande garce de la télévision mondiale. Dorénavant, c’est autour d’elle que toute la série sera construite. Cette deuxième saison, s’inscrit à la 20ème place. Une montée d’audimat confirmée par la suite: 5ème et 3ème. Une deuxième garce fait alors son apparition, Dominique Devereaux, pour la cinquième saison. Ce sera l’année de gloire du feuilleton (1er, « Dynastie » a enfin dépassé « Dallas »). Puis les chiffres chutent: la sixième saison se classe 7ème, la septième saison dégringole au 24ème rang, la 8ème sera 33ème et le feuilleton finira 57ème la neuvième et dernière année (1989). « Dynastie » n’est pas un phénomène isolé: Dallas aussi voit ses chiffres d’audience dégringoler à la même époque.

Dynastie: l’histoire

De Krystle à Dominique, d’Alexis aux Colby

Saison 1: « Dynastie », selon Stefan Peltier, est une apologie de la démesure. Ce n’est cependant pas le cas de la première saison. Steven Carrington retourne à Denver. Un bouleversement politique au Moyen-Orient a obligé la compagnie familiale a abandonner ses concessions dans la région. Il ne se réjouit pas de rentrer: il est homosexuel et son père, Blake, désapprouve son style de vie. Il aura une liaison avec Claudia Blaisdel avant de retrouver Ted Dinard, un ancien amant.

L’univers de Denver est aussi en plein bouleversement, Blake s’apprête à épouser Krystle, son ex-secrétaire. Elle provient d’une classe sociale beaucoup plus modeste et a bien du mal à se faire accepter. L’histoire entre Krystle et Blake sera un des pivots de cette saison. Elle est loin d’être aussi idyllique qu’on pourrait le croire. Entre manipulations et magouilles, entre unions arrangées et anciens amants qui se retrouvent, nous allons rencontrer tout ce petit monde de Denver. Un monde où les riches Carrington côtoient encore les pauvres Blaisdel. La saison se clôture par le procès de Blake et l’arrivée d’une mystérieuse dame.

Le ton est encore au réalisme dans cette saison. Le luxe n’y est qu’un détail exotique et on dépeint les rapports entre les deux classes sociales. Des extérieurs montrent les champs pétrolifères, les centres commerciaux, des restaurants ordinaires, etc…

Saison 2: Alexis est revenue et est bien décidée à se venger de Blake (son ex-mari) qui l’a forcée à quitter Denver quand il a découvert qu’elle le trompait. Après 16 ans d’absence, elle a bien du mal à renouer le contact avec ses enfants.

Fallon s’associera cependant à elle pour « éliminer » Krystle: la nouvelle femme de Blake est devenue gênante depuis qu’elle est enceinte. Alexis parviendra à lui faire perdre l’enfant lors d’un accident de cheval. Alexis semble vouloir reconquérir son ex-mari, mais elle n’y arrivera pas

Les ennuis de couple s’additionnent pour chacun des enfants de Blake: Fallon et Steven. Blake est toujours au milieu de la tourmente: il a des problèmes financiers, on tente de l’assassiner, sa paternité concernant Fallon est contestée. On le quitte blessé et gisant sur un rocher. Pour arranger les choses, le petit Blake a disparu.

Plus de préoccupation morale pour cette saison, seuls les riches comptent. Sexe, argent et vengeance, le ton du feuilleton est trouvé durant cette deuxième année, il ne changera plus. C’est autour du personnage d’Alexis que ces éléments vont se nouer. Une Alexis, soit dit en passant, qui est fan de « La Croisière S’Amuse » (épisode 34).

Saison 3: La troisième saison commence bien pour Alexis. Elle hérite de Cecil Colby (ils se sont mariés sur son lit d’hôpital). Elle peut d’autant mieux intriguer contre Blake. Le mariage de celui-ci avec Krystle bat encore de l’aile à cause d’Alexis qui découvre que Krystle n’est pas réellement divorcée de son premier mari.

Adam Carrington, le fils ainé de Blake et Alexis réapparaît à Denver (il avait été enlevé en 1957). Steven s’était exilé à Singapour. Il est porté disparu lors d’une explosion sur la plate-forme de forage où il travaille. Il survivra à l’accident et reviendra à Denver où il s’oppose à un Adam qui le considère comme un rival.

Finalement Steven quittera l’empire de Blake afin d’élever son enfant (né de son union avec Sammy Jo) loin de l’influence de son père. Les téléspectateurs devront attendre quelques mois avant de savoir si Alexis et Krystle sortiront vivantes du chalet enflammé dans lequel on les a piégées.

Saison 4: Steven doit faire face à l’incompréhension de son père face à son homosexualité. Blake lui fait un procès afin de récupérer la garde de son petit fils. Steven sauvera la situation en épousant Claudia Blaisdel.

Adam se réconcilie avec son père et manigance avec lui contre Alexis. Finalement, la contre-attaque de cette dernière laissera Blake presque sans le sou.

Durant cette quatrième saison, une certaine Dominique Devereaux s’installe à l’hôtel de Fallon et se renseigne sur Alexis et Blake. Fallon se rapproche de Jeff. Ils décident finalement de se remarier. Le jour précédant la cérémonie, Fallon perd le contrôle de son véhicule.

Saison 5: Personne ne sait réellement où est passée Fallon. Elle a survécu à l’accident de voiture, mais il semble qu’elle soit morte dans un accident d’avion. Elle réapparaîtra à Los Angeles à la fin de la cinquième saison mais, elle a perdu la mémoire. Steven se rapproche de plus en plus de Luke Fuller, au grand dépit de Claudia, qui décide de divorcer. La famille semble de mieux en mieux accepter la sexualité de Steven.

Dominique Devereaux aide Blake Carrington à se remettre de la dernière intrigue d’Alexis. En fait, Dominique révèle être la demi-sœur de Blake ce que la famille accepte plutôt mal. Elle serait l’enfant illégitime que son père à eu avec une domestique noire. Cela fait du bruit à Denver. Finalement, le père de Blake la reconnaîtra sur son lit de mort.

Une nouvelle arrivée, Amanda, semble bien être une autre fille d’Alexis et de Blake. Amanda et Alexis convoitent le même homme. Alexis arrangera le mariage de sa fille avec le prince héritier de Moldavie. Et c’est là que le cliffhanger le plus connu de Dynastie prend place: Le climat politique en Moldavie est loin d’être stable et la noce tombe sous les balles de mercenaires révoltés.

Audience, qualité des épisodes, démesure, Dynastie n’est jamais allé aussi loin que lors de cette cinquième saison. Le monde de Denver est hors espace-temps. Il ne s’agit plus que d’un univers où les riches s’aiment et s’opposent. La Moldavie n’est plus une république soviétique, mais une monarchie. La jet-set et les têtes couronnées du monde entier côtoient les milliardaires américains. Les désirs et les vengeances se mêlent invraisemblablement.

Saison 6: La famille Carrington, qui était retenue prisonnière des rebelles moldaves, finit par être libérée. De retour à Denver, Alexis accepte de financer la contre-révolution de Galen (le roi de Moldavie). Elle se verrait bien reine… Cette histoire ne lui amène que désolation: Galen n’en veut qu’à son argent et Dex la trompe avec Amanda.

Le couple Krystle-Blake est encore une fois mis à mal. Et c’est Sammy Jo qui est l’auteur des intrigues. Elle se rétractera avant que cela ne se termine par un meurtre. Alexis tente encore une fois de reconquérir Blake, mais elle échoue. Elle rappelle alors Ben, le frère de Blake. Ensemble, ils réussissent à s’emparer des biens de Blake. Ils le lui annoncent alors que l’hôtel de Fallon est la proie des flammes.

Seules deux personnes meurent lors de l’attaque en Moldavie: Lady Ashley et Luke Fuller. C’est peu crédible et le public le ressent. Le dédoublement du personnage de Krystle est très mal traité. Seuls les personnages de Ben (frère de Blake) et Caress (soeur d’Alexis) redonnent un peu de démesure au feuilleton. Les autres personnages ont perdu de leur charisme: Dominique Devereaux est intégrée au clan Carrington et en perd tout éclat, Sammy Jo devient subitement gentille, Amanda est proprement éliminée.

Les Colby: C’est durant la sixième saison de « Dynastie » qu’est lancé son spin-off: « Les Colby ». Jeff Colby vient en Californie dans le cadre d’un rapprochement entre les entreprises des Colby et de Blake Carrington.

Fallon, amnésique, s’est mariée avec Miles (son cousin). Sous le ciel Californien, nous retrouvons les mêmes histoires que celles de Denver. Les Colby connaissent aussi l’amour passion, les tromperies, la course au pouvoir et à l’argent. Jeff et Fallon sont les liens les plus forts entre les deux feuilletons.

« Les Colby » a connu beaucoup moins de succès que « Dynastie ». Il faut dire que la série a du faire face à « Cheers » diffusé sur NBC. Pour ne rien arranger, Barbara Standwyck quitte le soap avant la deuxième saison. Le spin-off n’atteindra jamais la démesure de la cinquième saison de « Dynastie ». Les intrigues sont stéréotypées et impossibles à démêler.

L’enlèvement de Fallon par des extraterrestres portera un coup fatal à la série. Les scénaristes de « Dynastie » auront d’ailleurs beaucoup de mal à se débarrasser de ce détail encombrant au retour de Fallon à Denver, après que « Les Colby » soit annulée après sa seconde saison.

Saison 7: Claudia meurt dans l’incendie qu’elle a provoqué. Pendant ce temps, Krystle empêche Blake de tuer Alexis. Elle se retrouve en position de force: elle a acheté le Denver Mirror et peut colporter toutes les rumeurs qu’elle veut sur le compte de Blake. Blake fait alors évader Caress de la prison où elle est détenue au Venezuela.

Après plusieurs rebondissements, Blake, Ben et Alexis se retrouvent en Chine où Blake reprend le contrôle de son entreprise. Mais une explosion lui fait oublier tout ce qui s’est déroulé après 1964. Alexis en profite pour lui faire croire qu’ils sont toujours mariés. Peu à peu, il recouvre la mémoire et la situation rentre dans l’ordre. Mais désormais la guerre est finie entre eux. Ben et Blake se réconcilient également.

Steven et Sammy Jo revivent ensemble pour le bonheur de leur fils. Mais la situation devient intenable: Steven ne réussit plus à refouler son homosexualité. Il finira par quitter Denver une nouvelle fois. Adam n’est pas le fils d’Alexis et Blake, mais tous deux décident de l’adopter. Adam et Dana se marient, mais à la fin de la cérémonie, des hommes armés prennent la famille en otage. Matthew Blaisdel est à leur tête, il est bien décidé à reprendre Krystle qu’il considère comme son bien. Alexis, qui a quitté l’église précipitamment, perd le contrôle de sa voiture.

Les personnages incarnés par Terri Garber (Leslie Sanders) et Leann Hunley (Dana Waring Carrington) n’arrivent pas à relancer le feuilleton, qui s’enlise. Les intrigues sont de plus en plus faibles et n’étonnent plus personne.

Les épisodes consacrant les retrouvailles de Blake et Alexis sont, par contre, une véritable réussite. Malheureusement, cette réconciliation annihile le ressort dramatique le plus important de « Dynastie ». Après Dominique, Sammy Jo, Caress et Ben, voilà Alexis qui verse du côté des gentils!

Saison 8: C’est Steven qui sauve la famille en tuant Matthew d’un coup de couteaux. Il se remettra difficilement de ce geste (Matthew était un ami avant). Le « couple » qu’il entretenait avec Sammy Jo s’en trouve une nouvelle fois ébranlé. Sammy Jo se consolera dans les bras de Jeff.

Jeff et Fallon sont revenus à Denver après l’expérience extraterrestre de Fallon. Mais Jeff ne croit pas que Fallon ait réellement été enlevée et le couple se désagrège.

Alexis est sauvée de la noyade par Sean Rowan. Elle est séduite et il profite de la situation pour infiltrer le clan Carrington dont il veut se venger (il les tient responsables de la mort de Kirby, sa soeur). Alexis se rendra compte de l’imposture très tard (elle sera déjà mariée avec lui). Dex la sauvera in extremis des mains de son mari qui tentait de l’assassiner. Krystle, quant à elle, a disparu.

Le personnage de Sean Rowan prend la succession de celui d’Alexis. Elle s’est réconciliée avec Blake, il faut donc quelqu’un pour se venger de quelqu’un. Sean réussit à s’infiltrer dans la vie de chaque membre de la famille. Le potentiel diabolique de ce personnage est énorme. Malheureusement, il ne sera jamais développé comme il le mérite et restera assez plat. Toute la saison finit pas souffrir du manque de crédibilité de Sean. La série est loin de son éclat d’antan.

Saison 9: On retrouve Krystle dans l’Ohio, chez une cousine. Elle souffre d’absences passagères. Elle est hantée par la vision d’un homme sortant d’un lac et le clan craint qu’elle ne soit impliquée d’une façon ou d’une autre dans le meurtre d’un homme (voir ci-dessous). L’autopsie révèle qu’il est mort depuis plus de 20 ans (!) et l’innocente. Les maux de tête dont souffre Krystle sont les séquelles de l’accident de cheval qui lui a fait perdre son enfant (2ème saison). Seule une opération délicate peut lui sauver la vie.

Sable Colby arrive à Denver, elle est bien décidée à s’approprier les biens d’Alexis. Avant son opération Krystle et Blake prononcent à nouveau leurs vœux de mariage. Krystle veut que Blake divorce si l’opération échoue. C’est ce qui se passe (Krystle tombe dans un long coma), mais Blake ne divorce pas.

Le cadavre découvert dans un lac de Denver est celui de Roger Grimes. C’est l’homme qu’Alexis a aimé et qui a entraîné son divorce. Elle est certaine que Blake est le meurtrier de Roger et cherche des preuves pour le faire juger.

En fait, c’est Fallon qui a tué Roger parce qu’il battait sa mère. Les familles Carrington et Colby avaient alors couvert le crime de la jeune fille. Sable s’associe à Blake pour que cette affaire n’éclate pas au grand jour, 20 ans après. Ce faisant, elle déstabilise de plus en plus l’empire d’Alexis. Alexis décide de ne rien révéler si Sable laisse tomber une action en justice qu’elle avait lancée contre elle. A la fin de la saison, Dexter et Alexis tombent du balcon d’un hôtel.

Depuis le début de la saison, il était peu probable que « Dynastie » soit resignée pour une dixième année. Le jeu des acteurs et les scénarios sont alors beaucoup plus insouciants. Le spectacle est, du coup, moins lourd à regarder. Les scénaristes font beaucoup référence aux saisons passées dans ce neuvième volet. Ils tentent par là de donner de la cohérence à la série.

L’intrigue du lac est le seul élément important de cette année, qui souffre beaucoup moins de dispersion que les précédentes. Mais nous sommes loin du « Dynastie » de la grande époque. Finie la démesure, l’histoire devient beaucoup plus policière (et peu réaliste). Fini le luxe: les Carrington se mettent à manger des pizzas! Le plus déroutant reste le dernier épisode: au lieu de dénouer toutes les intrigues, les scénaristes terminent la saison sur un cliffhanger.

Dynastie la réunion, première partie: Les Carrington retrouvent le chemin des écrans sous forme de deux téléfilms de 90 minutes diffusés en 1991. Blake est emprisonné pour meurtre. Krystle est dans le coma. Alexis survit à sa chute contrairement à Dex. Fallon retourne en Californie. La Denver-Carrington est acquise par un consortium international. Blake est finalement innocenté. Il se rend compte qu’un mystérieux consortium a piégé chaque membre de la famille pour devenir propriétaire des entreprises.

Avec l’aide de Jeff, Blake tente de mettre tout cela au jour. Krystle est sortie du coma, mais se trouve sous la surveillance d’un médecin peu engageant. Avec l’aide d’une infirmière, elle réussit à s’échapper. Elle arrive à Denver au moment où on vend les biens de la famille. Elle décide alors de rejoindre Fallon en Californie. Mais Krystle a été conditionnée pour tuer Blake…

Dynastie la réunion, deuxième partie: L’amour sauve Blake. Krystle sort de sa transe avant de l’avoir tué. C’est Adam qui a facilité les activités du consortium. Quand il se rend compte que le groupe ne se satisfait pas d’avoir pris le contrôle des affaires de la famille mais qu’il s’en prend aussi aux personnes, il repasse du côté des gentils.

Grâce à son témoignage, Blake retrouve son bien. Alexis qui s’était rapprochée de Van Dorm (le chef du consortium) sans rien savoir de ses activités se trouve exclue du clan. Van Dorm tente d’utiliser son amertume. Elle se rend compte assez tôt qu’elle a été manipulée. Jeff reconnait alors la voix de Van Dorm et toute la famille s’unit pour confondre le méchant. Tout cela se finit par un repas.

La réunion renoue avec la grande époque de « Dynastie »: rebondissements multiples, répliques cinglantes, scènes d’actions, changements de robes d’Alexis, bagarre d’Alexis et Krystle, le sexe, la jalousie, un suspens juridique et des sentiments. Mais surtout cette réunion apporte une conclusion aux neuf saisons du feuilleton. La famille se réunit devant un écran de télévision et se passe les films de leur passé commun. L’occasion de revoir les moments clés de « Dynastie ». Suit un petit sermon de Blake sur la famille et un « je t’aime » à Krystle.

Le soap opera

Au départ était le soap, autrement dit le savon. Ces feuilletons fleuves généralement à l’eau de rose et ciblés sur les célèbres « ménagères de moins de cinquante ans » ont, en effet, été imaginés par les compagnies de détergents. Les feuilletons de l’après-midi étaient destinés à encadrer les spots publicitaires.

Dès le début, la télévision américaine a été commerciale et donc financée par la publicité, d’où la main-mise qu’elle exerçait sur les contenus des grilles de programmes. Dès lors qu’une émission n’est destinée qu’à préparer le spectateur à recevoir le message publicitaire, certains mécanismes s’installent rapidement. La structure hachée permet d’insérer plus de spots. Le contenu populaire permet d’ameuter un public beaucoup plus large. Mais avant tout, le maître-mot reste l’émotion: les ménagères en émois sont beaucoup plus réceptives que les autres!

Les premiers soap datent des années ’50. « Search For Tomorrow » et « Love Of Live » (adapté de « Guiding Light », qui existait à la radio depuis 1937) ont vu le jour en 1951. Ces soaps étaient diffusés en début d’après-midi, soit au moment où les ménagères se reposent avant de reprendre leurs activités de deuxième partie de journée.

Déjà, les intrigues étaient compliquées et mélodramatiques. Elles impliquaient des familles provinciales et de statut moyen (ce qui permettait une identification facile aux personnages). Les gentils s’opposent aux méchants, dans des histoires où suspens et amour passion se mêlent. On suit non pas un mais toute une kyrielle de personnages en parallèle. Et, surtout, les fins ne sont jamais fermées (les couples ne sont jamais stables dans un soap, les maladies ne sont jamais mortelles, les personnages disparaissent pour mieux réapparaître au moment opportun).

Tenir la forme!

A raison d’un épisode par jour, 5 jours par semaine et 52 semaines par an, les délais de production sont raccourcis au maximum. Pas de scène tournée en extérieur, pas de répétition (les acteurs suivent même parfois le texte sur un prompteur), pas d’effets spéciaux, pas de doublage excessif,… L’appareil de production doit être efficace et sans faille. Ces programmes sont donc très intéressants pour les chaînes: faible coût et public très fidèle.

Le soap est un genre mineur. Et s’il a souvent été jugé comme tel, c’est dû à l’importance donnée à la forme bien plus qu’au contenu. Quand on vise à faire de l’émotionnel, rien de tel qu’un bon mélodrame. Or qui dit mélodrame, dit sentiments exacerbés et happy end. Enfin, happy end, pas trop quand même! Un couple stable et c’est la fin du programme! Donc nous assistons à des rebondissements incessants. Le tout dans le domaine de l’amour, puisque c’est ça qui intéresse les ménagères.

Finalement les bons ne sont jamais totalement récompensés et les méchants ne sont jamais tout à fait hors d’état de nuire. La mort elle-même n’est pas toujours une fin en soi tant qu’elle n’a pas eu lieu en « direct ». On dit que Truc est décédé dans un accident de voiture, mais il réapparaît quelques mois plus tard. Le trépas n’est pas une fin…

Certains ont même tenté de ressusciter les défunts (Bobby Ewing dans Dallas pour le citer). Le public a assez mal assimilé la pirouette. Une erreur grossière dont on reparlera encore longtemps. Notez que les allées et venues des personnages sont parfois moins tributaires des désirs des scénaristes que des circonstances. La durée des contrats, les exigences ou la santé des acteurs, les opinions du public pèsent beaucoup plus que leur petite voix.

Finalement à part les coups fourrés et l’amour, il n’y a rien dans les soaps. Les intrigues sont souvent tirées par les cheveux. Les ficelles sont énormes et prévisibles. Les couples en sont tellement réduits à se déchirer que ça en devient inregardable (Bien sûr, ce n’est que mon avis personnel! Et je le signe… D’un S qui veut dire Sarah!). Quand les scénaristes ont rempli les quotas de suspens juridiques, médicaux et sentimentaux, la saison est terminée!

Le but de la mise en scène et du montage sont aussi de mettre les sentiments en valeur. Le jeu des acteurs est surfait. Combien de fois ne nous ont-ils pas resservi un gros plan sur Machin qui écarquille des yeux pendant une minute entière parce Chose vient d’entrer dans la pièce alors que tout le monde la croyait morte? Les prises de vue sont simples, focalisées sur les expressions du visage. Pour faire passer ce genre d’émotion, les mouvements de caméra compliqués ne sont pas nécessaires, un zoom suffit amplement.

Un exemple? L’arrivée d’Alexis Carrington (incarnée pour le cliffhanger de la fin de première saison par une figurante, mais dont le rôle sera tenu par après par Joan Collins) au tribunal où on juge son ex-mari pour meurtre. Elle descend lentement l’allée. Ce plan est coupé par des zooms sur les visages des autres protagonistes (qui tirent la tête de circonstance, bien entendu). Alexis aurait eu le temps de faire 5 fois le tour du tribunal! Mais l’important c’est de capter les émotions…

Mais toutes ces règles farfelues, l’amateur les accepte. Il laisse également passer beaucoup d’incohérences, tant qu’il n’a pas le sentiment qu’on se moque de lui (ce qui est arrivé avec la mort-résurrection de Bobby Ewing dans Dallas). Pour la poursuite de l’intrigue, le fan comprend même qu’un personnage soit endossé par plusieurs acteurs. Vu la durée de certains soaps (20-30 ans pour certains), les acteurs mettent parfois un terme à leur contrat en cours. Un changement sans grande importance quand on s’attache simplement aux personnages et à ce qui leur arrive.

Les plus férus parviennent même à jouer avec ces règles. Amateurs des potins de coulisses sur leur feuilleton préféré, ils prévoient les futurs développements des intrigues en apprenant la fin ou la signature de tel ou tel contrat.

Et puis vint Dallas…

Depuis 1951, les soap ont beaucoup évolué. En 1964, ABC place « Peyton Place » en prime-time. C’est la première fois qu’un soap quitte les grilles de l’après-midi. Deux soirs par semaine (trois pour la seconde saison), les ménagères monopolisent le petit écran. Premier essai moyennement concluant, qui ne sera pas renouvelé avant « Dallas ». Donc de 1969 (arrêt de « Peyton Place ») à 1978 (arrivée de « Dallas »), les soap resteront cantonnés à l’après-midi.

« Dallas » c’est l’archétype même du soap! Du moins le croyons-nous maintenant, car « Dallas » transgresse beaucoup de règles du soap opera traditionnel. « Dallas » est diffusé le soir et non l’après-midi. Dallas est aussi destiné à un nouveau public: les hommes. Convenez que le monde du pétrole, les cow-boys texans et les bagarres musclées faisaient peu féminin! Mais JR séduit. Le concept de l’amour passion est sain et sauf et le beau sexe est au rendez-vous avec son méchant préféré.

Et puis Dallas se déroule dans un milieu de milliardaires auquel les téléspectatrices ne peuvent plus aussi facilement s’identifier. Cependant les intrigues domestiques et amoureuses habituelles permettent au public de retrouver ses repères. C’est donc toujours aux ménagères qu’on s’adresse.

Enfin, Dallas invente le « cliffhanger »: les saisons se terminent par une situation scabreuse où des personnages se trouvent en fâcheuse posture. Cela force les téléspectateurs à être au rendez-vous à la reprise des programmes en automne. « Qui a tiré sur JR? » est la question que s’est posé le monde entier pendant l’été 1980. En novembre, l’épisode d’ouverture de la saison suivante a rassemblé un nombre de téléspectateurs jamais vu: 49 millions, soit 76 % des parts de marché (seul « M*A*S*H* » fera mieux en 1983 avec 77%).

Dynastie: surtout, ne pas choquer…

« Dynastie » est un soap. « Dynastie » doit suivre les règles du genre. « Dynastie » doit rassembler les foules. « Dynastie » ne doit donc pas choquer. « Dynastie » est américain. « Dynastie » ne peut pas aborder certains sujets tabous. Mais « Dynastie » trouve quand même le moyen de le faire et de ne pas perdre son public.

Les femmes au foyer regardent la série, mais ce sont les garces qui brillent de mille feux. Le téléspectateur moyen est blanc et plus ou moins raciste, mais une actrice noire y parle ouvertement des unions interraciales. Les Américains sont puritains et, encore en 2000, ne veulent pas entendre parler d’autres formes de sexualité, Steven plaide la cause des homosexuels mieux qu’un discours politique. Sous des dehors conservateurs, à côté de la futilité, on trouve dans « Dynastie » certaines prises de position sur la société.

La mère, la putain, la femme moderne

« Dynastie » a été créé par une femme. Et ça se sent. Au-delà des stéréotypes du genre, « Dynastie » a réussi à faire évoluer quelque peu l’image télévisuelle de la gente féminine. Esther Shapiro revendiquait clairement la féminité du programme.

On trouve, il est vrai, des femmes très conventionnelles dans « Dynastie ». A la télévision, la femme tient principalement deux rôles: celui de l’épouse et celui de la putain. Krystle représente la première. Elle se marie avec Blake et devient une femme au foyer (secondée par une armée de domestiques) et une génitrice.

On trouve donc dans « Dynastie » des mères ou futures mères (parfois la grossesse n’atteint pas son terme). Celles qui n’ont pas d’enfants sont d’horribles arrivistes renforçant l’idée qu’une femme sans enfants est une mauvaise femme. Fallon Colby est une fille indépendante, belle, intelligente et d’une sexualité débordante. Elle représente le second stéréotype féminin: la putain.

Mais à côté de ces images peu originales se place le personnage d’Alexis Carrington. Pour la première fois dans une série, les femmes de 40 ans étaient valorisées. Elles ont de l’éclat, du charme et une sexualité débordante comme les jeunes (dans « Les Colby » ce seront les sexagénaires qui prennent leur place à l’écran). Alexis est à la fois mère et putain. C’est une garce mais elle aime ses enfants. C’est une bonne mère qui aime les hommes. En plus, c’est une femme accomplie qui n’a pas besoin des hommes pour vivre. Elle travaille et s’en sort très bien sans perdre sa féminité pour autant.

Le côté « sexe fort » des femmes apparaît clairement dans les scènes « érotiques ». Contrairement au schéma classique, les hommes sont l’objet du désir de la femme. Il arrive fréquemment qu’un personnage féminin surprenne un homme à moitié nu ou que ce soit elle qui le déshabille tout en restant, elle-même, habillée.

Quoi qu’elles soient, les femmes de « Dynastie » ne sont en tous cas pas des potiches ou des victimes. Elles sont fortes et volontaires. Elles recherchent l’argent, l’élévation sociale ou la vengeance et, par dessus tout, l’amour. Alexis elle-même en est un bon exemple. Elle est devenue une femme d’affaire ambitieuse à causes des déceptions amoureuses qu’elle a connu. Elle a tenté de trouver dans le travail la confiance en elle qu’un mari ne lui apportait pas.

Krystle peut aussi réussir dans le milieu du travail, mais elle n’en a pas besoin car elle trouve tout l’amour dont elle a besoin dans son foyer. Cela signifierait-il qu’une femme ne peut devenir indépendante que quant elle est rejetée par les hommes? Il ne faudrait pas conclure si vite. Il ne faut pas oublier qu’une série télé doit avant tout rassembler un large public. Or l’idéal de vie des femmes qui regardaient Dynastie ressemblait plus aux valeur incarnées par Krystle que par Alexis. Dynastie n’était pas non plus une série entièrement révolutionnaire (mais quelques aspects l’étaient cependant).

La première garce noire de la TV

Les soap opera s’adressent aux femmes au foyer. La télévision en général s’adresse à la culture majoritaire: les protestants blancs d’origine anglo-saxonne. Le succès d’un programme aux Etats-Unis repose sur le respect de ce principe, mais aussi sur de mini-transgressions qui démontrent que les producteurs tiennent aussi compte des minorités. Or la minorité la plus importante en nombre est la population noire. Elle est aussi la plus rejetée. Introduire des personnages noirs dans une série est donc un défi. Mais s’il est réussi, c’est l’audimat assuré.

Diahann Carroll, dans le rôle de Dominique Devereaux, n’est pas la première actrice noire de la télévision américaine. Mais elle est assurément la première garce noire du petit écran. Et comme si cela ne suffisait pas, sa présence dans le soap lance une thématique tabou: les relations interraciales. Dominique Devereaux est la demi-soeur de Blake issue d’une relation entre leur père et une domestique noire. Une révélation qui bouleverse le clan Carrington et les mœurs américaines en général.

C’est le network ABC qui sera le premier à oser une série dont le personnage principal est une femme noire. « Beulah » est une bonne à tout faire au cœur d’or. Nous sommes en 1950. L’année suivante, CBS lance « Amos et Andy ». Jusque là, les personnages de couleur collent aux stéréotypes des blancs. Ils sont enjoués, subalternes et jouent une musique endiablée, point final!

En 1965, Bill Cosby est le premier à partager la vedette d’une série d’aventures: « I Spy ». Du coup, les personnages secondaires noirs se multiplient: Barney Collier dans « Mission: Impossible », Uhura dans « Star Trek », Peggy Fair dans « Mannix »,… En 1968, pour la première fois depuis « Beulah », une noire est l’héroïne d’une série, « Julia ». Diahann Carroll incarne une infirmière qui élève seule son fils à la mort de son mari.

De 1973 à 1985, le soap « All In The Family » donne naissance à un spin-off: « The Jefferson ». Les voisins des Bunker deviennent les héros d’une série entièrement centrée sur les noirs et qui abordera la première le sujet hyper-tabou des unions interraciales. Une mini-série diffusée sur ABC, « Roots » (Racines), démontrera aux annonceurs que les noirs ont aussi un certain pouvoir d’achat qu’ils ont trop longtemps négligé.

En 1984, le personnage de Dominique Devereaux s’inscrit dans toute cette évolution et impose une avancée de plus dans la reconnaissance du peuple noir. Depuis, le « Cosby Show » (1984), « Amen » (1986), « Génération » (1989) et « In Living Color » ont poursuivi le chemin. Les personnages secondaires et principaux ont continué à se multiplier et à prendre de la profondeur (« Star Trek: The Next Generation », « Deep Space Nine », « Melrose Place« , « Stargate SG-1 », « Urgences », « Homicide », « NYPD Blue », « The Sentinel » pour ne citer qu’eux).

Dynastie: l’homosexualité en prime-time

Autre tabou auquel « Dynastie » s’est subtilement attaqué: l’homosexualité. Voilà un sujet que la télévision américaine a très longtemps eu du mal à traiter (voir notre dossier « Queer As Folk« ). Cette gène reflète le malaise présent dans la société américaine en général. Il a fallu attendre 1974 pour que l’homosexualité soit officiellement retirée de la liste des maladies mentales aux Etats-Unis. Dès la fin des années ’70, des personnages homosexuels sont introduits dans les épisodes de séries (ex: « An American Family » en 1973), mais de manière très sporadique, très clichés et en arrière-plan.

Steven Carrington est le premier personnage régulier homosexuel de la télévision. Le côté positif de Steven pousse clairement le téléspectateur à le défendre. Par là, « Dynastie » prend une position nette en faveur d’une évolution des mentalités.

Pourtant, il a fallu user de détours pour ne pas choquer le téléspectateur moyen. Blake est contre le style de vie de son fils. Il le réprouve jusqu’au meurtre. Blake représente la voix de la majorité qui opprime le choix de Steven. Steven tout au long de la série aura tout le loisir d’argumenter face à son père, faisant du même coup passer « en douce » le message à la population américaine. Une manière subtile de défendre une cause.

Le personnage de Steven n’est cependant pas totalement novateur. Il souffre des clichés en vigueur à l’époque. Il est introverti, cultivé et raffiné. On lui trouve des « excuses » psychanalytiques. Bref, il colle à l’image propre et rassurante qu’on attend de lui. Ses amours se terminent en général assez mal. On pourrait penser qu’il s’agit d’un travail de sape: « ce style de vie ne marche pas », mais n’oublions pas trop vite que nous sommes dans un soap opera et qu’il faut que les histoires de cœur se terminent mal pour relancer l’intrigue.

Steven n’est, finalement, ni plus, ni moins malheureux que les autres. Sa vie sexuelle, par contre, est montrée moins explicitement que celle des autres personnages. Les signes de tendresse du couple Steven-Ted Dinard se limitent à des embrassades (pas des baisers) et des caresses de la main. Chris Deegan n’a droit à aucune attention particulière. L’évocation se précise avec Luke Fuller: une porte se referme sur le rapprochement des lèvres des deux amoureux. Une scène de bagarre avec Bart Fallmont (qui n’est pourtant qu’un ami) est fortement érotisée. Mais à part ça… La vie sexuelle et amoureuse de Steven est plutôt abstraite. « Dynastie » ne se fera jamais l’écho du SIDA (qui apparaît pourtant en 1981).

En conclusion, qui peut m’expliquer?

Bizarrement, les deux sœurs ennemies sont aujourd’hui toujours liées. Quand on parle de « Dallas », on parle de « Dynastie ». Et vice-versa. Alors, chronologiquement, c’est « Dynastie » qui copie « Dallas ». Mais comme « Dynastie » va parfois plus loin, on lui pardonne.

« Dynastie », apologie de la démesure titre Stefan Peltier pour son « Guide Du Téléfan ». « Mais c’est cela Dynastie: aucune mesure; ni dans l’exubérance ni dans le mauvais goût », ça c’est C.P. (Christophe Petit, je présume) dans le Guide Totem des séries télé. Apparemment, tout le monde semble d’accord.

Deux femmes adultes parées de robes du soir invraisemblables qui se battent dans la boue ou dans une mare. Des dialogues pénibles de lenteur, de clichés et d’idées toutes faites. Des histoires d’argent et de haine (mais surtout d’amour) qui rebondissent… Et qui, surtout, s’éternisent. Du faux chic au vrai toc qui fait rêver ma voisine en mal de livres Arlequin. « Dynastie » souffre de tous les défauts du soap (Je vous ai dit au début que je n’aimais pas ça, vous étiez prévenus). On ne lui jette pas plus la pierre qu’à « Top Models », « Les Feux De l’Amour » ou « Melrose Place« . Le génie de ce genre de programme m’échappe probablement. Que les amateurs m’instruisent.

Mais « Dynastie » c’est aussi un phénomène de société. Une carte d’identité de ces horribles années ’80 (Ah si! Horribles! Rappelez-vous les T-shirts gris moyen barrés d’une bande jaune, d’une autre rouge et qui se terminaient en bas par du treillis blanc… Pitié!).

Tout le monde se souvient de « Dynastie », alors que tout le monde n’a pas nécessairement vu un épisode de « Dynastie ». Est-ce que tout le monde se souvient de « Seinfeld »? Qui a déjà entendu parler de « Clair De Lune« ? S’arrêter sur « Dynastie » c’est tenter de comprendre pourquoi et comment fonctionne cette foutue télévision. « Dynastie » est devenu un culte. Pourquoi? Alors là! Moi, je ne comprends pas… Mais moi, je ne suis qu’une téléspectatrice parmi d’autres.

En quelques mots...

Sarah Sepulchre
Alexandre Marlier

Avis global

Du bling-bling avant l'heure.

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Dossiers Séries

La Fiche Série

Titre Original:
Dynasty
Durée:
217 épisodes de 50 minutes, soit 9 saisons + 1 pilote de 150 minutes. La série sera prolongée par 2 épisodes de réunion de 90 minutes chacun.
Pays d’origine:
USA
Chaîne(s) de 1ère diffusion:
ABC
Période(s) de diffusion:
Du 12 janvier 1981 au 10 mai 1989
Genres:
Soap Opera
Créé par:
Esther Shapiro, Richard Shapiro
Producteurs exécutifs:
Aaron Spelling, Douglas S. Cramer, Richard Shapiro, Esther Shapiro
Produit par:
Spelling Television, Worldvision Entertainment
John Forsythe:
Blake Carrington
Linda Evans:
Krystle Jennings Carrington
Joan Collins:
Alexis Morrell Carrington
Pamela Sue Martin:
Fallon Carrington Colby
Emma Samms:
Fallon Carrington Colby (2)
Al Corley:
Steven Carrington
Jack Coleman:
Steven Carrington (2)
Diahann Carroll:
Dominique Deveraux Lloyd
Heather Locklear:
Sammy-Jo Dean Reece Carrington Fallmont

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Bibliographie

  • CARROLL, Diahann, FIRESTONE, Ross, Diahann!, Boston, Little Brown and Co, 1986.
  • COLLINS Joan, Past Imperfect, Angleterre, 1978. [Passé imparfait, Carrère-Laffont, 1986.]
  • COLLINS, Joan, Saga, Orban, 1989, Presses Pocket, 1990. [Premier roman de Joan Collins où se mêle autobiographie et scripts de Dynastie]
  • Dynastie, J »ai Lu, 1984 [Adaptation en roman du pilote de la série.]
  • Dynastie. The Autorized Biography of the Carringtons, New York/Londres, Doubleday/Comet,1984. [Biographie du clan Carrington comme s’il s’agissait d’une vrai famille.]
  • GRIPSRUD, J.,  » Toward a Flexible Methodology in Studying Media Meaning ; Dynastie in Norway « , Critical Studies in Mass Communications, n°2, 1990, pp. 117-128.
  • GRIPSRUD, J., The Dynastie Years, Routledge, London, 1995.
  • HUDSON, Rock (avec Sara Davison), Mon Histoire, Ed Mazarine, 1986.
  • MACGraw, Ali, Moving Pictures [Autobiographie de l’actrice dont un chapitre est consacré à Dynastie. Disponible en France : Une vie tremblée, Presses de la cité 1992/ J »ai Lu, 1993.]
  • PELTIER, Stefan, Dynastie. Apologie de la démesure, Pézilla-la-Rivière, DLM Editions, 1994, 167p.

Crédits Photos:
Spelling TelevisionWorldvision Entertainment

Sarah Sepulchre

Sarah Sepulchre est professeure à l’Université de Louvain (UCL, Belgique). Ses recherches portent sur les médias, les fictions, les cultures populaires, les gender studies et particulièrement sur les représentations, les liens entre réalité et fiction. Sa thèse de doctorat était centrée sur les personnages de séries télévisées.
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